Homélie du pape Benoît XVI à la messe de béatification de Jean-Paul II

« …/… Chers frères et sœurs, aujourd’hui, resplendit à nos yeux, dans la pleine lumière spirituelle du Christ Ressuscité, la figure aimée et vénérée de Jean-Paul II. Aujourd’hui, son nom s’ajoute à la foule des saints et bienheureux qu’il a proclamés durant les presque 27 ans de son pontificat, rappelant avec force la vocation universelle à la dimension élevée de la vie chrétienne, à la sainteté …/… Karol Wojty?a, d’abord comme Évêque Auxiliaire puis comme Archevêque de Cracovie, a participé au Concile Vatican II et il savait bien que consacrer à Marie le dernier chapitre du Document sur l’Église signifiait placer la Mère du Rédempteur comme image et modèle de sainteté pour chaque chrétien et pour l’Église entière. Cette vision théologique est celle que le bienheureux Jean-Paul II a découverte quand il était jeune et qu’il a ensuite conservée et approfondie toute sa vie. C’est une vision qui est synthétisée dans l’icône biblique du Christ sur la croix ayant auprès de lui Marie, sa mère. Icône qui se trouve dans l’Évangile de Jean (19, 25-27) et qui est résumée dans les armoiries épiscopales puis papales de Karol Wojty?a : une croix d’or, un «M» en bas à droite, et la devise «Totus tuus», qui correspond à la célèbre expression de saint Louis Marie Grignion de Montfort, en laquelle Karol Wojty?a a trouvé un principe fondamental pour sa vie: «Totus tuus ego sum et omnia mea tua sunt. Accipio Te in mea omnia. Praebe mihi cor tuum, Maria – Je suis tout à toi et tout ce que j’ai est à toi. Sois mon guide en tout. Donnes-moi ton cœur, O Marie» …/…

L’exemple de sa prière m’a toujours frappé et édifié: il s’immergeait dans la rencontre avec Dieu, même au milieu des multiples obligations de son ministère. Et puis son témoignage dans la souffrance: le Seigneur l’a dépouillé petit à petit de tout, mais il est resté toujours un «rocher», comme le Christ l’a voulu. Sa profonde humilité, enracinée dans son union intime au Christ, lui a permis de continuer à guider l’Église et à donner au monde un message encore plus éloquent précisément au moment où les forces physiques lui venaient à manquer. Il a réalisé ainsi, de manière extraordinaire, la vocation de tout prêtre et évêque: ne plus faire qu’un avec ce Jésus, qu’il reçoit et offre chaque jour dans l’Église.

Bienheureux es-tu, bien aimé Pape Jean-Paul II, parce que tu as cru ! Continue – nous t’en prions – de soutenir du Ciel la foi du Peuple de Dieu. Tant de fois tu nous as bénis sur cette place du Palais Apostolique. Aujourd’hui, nous te prions : Saint Père  bénis nous. Amen. »

 

Homélie de Jean-Paul II (extraits)

La croix se trouve au centre de la liturgie d’aujourd’hui. Très chers jeunes, par votre participation attentive et enthousiaste à cette célébration solennelle, vous montrez que vous n’avez pas honte de la Croix. Vous ne craignez pas la Croix du Christ. Au contraire, vous l’aimez et vous la vénérez, car elle est le signe du Rédempteur, mort et ressuscité pour nous. Celui qui croit en Jésus crucifié et ressuscité porte la Croix en triomphe, comme preuve indubitable de son amour …/… Le mystère pascal que nous revivrons au cours des journées de la Semaine Sainte est toujours actuel. Nous sommes aujourd’hui les contemporains du Seigneur et, comme les habitants de Jérusalem, comme les disciples et les femmes, nous sommes appelés à décider si nous voulons rester avec Lui ou fuir, ou demeurer de simples spectateurs de sa mort …/…

…/… Ne perdez pas votre saveur de chrétiens, la saveur de l’Evangile ! Gardez-la vivante en méditant constamment le mystère pascal : que la Croix soit votre école de sagesse. Ne vous vantez de rien d’autre, si ce n’est de cette sublime chaire de vérité et d’amour …/…

…/… Celui que vous avez choisi comme Maître n’est pas un marchand d’illusion, il n’est pas un puissant de ce monde, ni un calculateur astucieux et habile. Vous connaissez celui que vous avez choisi de suivre : c’est le Crucifié ressuscité ! Le Christ mort pour vous, le Christ ressuscité pour vous.

Et je vous assure que vous ne serez pas déçus. Personne d’autre, en dehors de Lui, ne peut en effet vous donner cet amour, cette paix et cette vie éternelle à laquelle aspire profondément votre cœur. Bienheureux êtes-vous si vous devenez de fidèles disciples du  Christ ! Bienheureux êtes-vous si, en toute circonstance, vous êtes disposés à témoigner que cet homme est véritablement le Fils de Dieu !