La vie plus forte que la mort

 

Sans nul doute, la vie est plus forte que la mort. « Ô mort, où donc est ta victoire, s’écrie l’apôtre Paul, la mort a été vaincue par la vie ».

 

J’ai en mémoire ces paysages arides d’Afrique. Au terme de plusieurs mois de sécheresse, le soleil torride ayant fait son œuvre, tout ne semble qu’un immense désert. Puis viennent les premières pluies et tout alors reverdit. La vie finit toujours par se frayer un chemin.

 

Que de fois, dans l’histoire, à commencer par celle de notre pays, la mort de Dieu a été prophétisée ! Et pourtant, Dieu est là, toujours là, bien à l’œuvre. Il est le Vivant pour les siècles des siècles.

 

Que de fois encore n’a-t-on pas programmé la mort de l’Eglise et la disparition des chrétiens, depuis les massacres perpétrés par l’empereur Néron et ses successeurs jusqu’à ceux, bien actuels, planifiés par l’Etat Islamique. Mais l’Eglise est toujours là, bien vivante. Nos frères chrétiens, pourchassés et atrocement persécutés, portent jusqu’à nous le témoignage admirable de leur foi. En cette solennité de Pâques, nous ne saurions les oublier.

 

Les églises de France sont vides, entend-t-on répéter. Entrez donc dans ces lieux saints le mercredi des cendres, au premier jour du Carême ; pénétrez dans une église lors des cérémonies du triduum pascal. Que verrez-vous ? Des communautés de fidèles du Christ qui prient et qui chantent avec ferveur les merveilles du Dieu de toute miséricorde. Au cours de la Vigile pascale et au saint jour de Pâques, écoutez retentir leur « Alléluia !«  qui s’élève à la gloire du Dieu vainqueur et qui résonne jusqu’aux extrémités de la terre.

 

Les chrétiens sont bel et bien là. En cette année sainte de la Miséricorde, ce sont près de 400 catéchumènes adultes de notre diocèse de Paris qui sont baptisés dans la nuit pascale. Et Dieu est mort,  disent certains ?… et les chrétiens sont en voie d’extinction, affirment d’autres ? Non, malgré les difficultés de ce monde, au-delà d’une Europe s’enfonçant dans la sécularisation, l’Eglise vit et perpétue la Bonne Nouvelle, celle du Dieu Vivant et Aimant. « Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia !

 

Et nous-mêmes ? Peut-être avons-nous connu des jours particulièrement sombres, des jours enténébrés faisant de nos jours des nuits ? Peut-être même avons-nous fait l’expérience sensible de l’absence de Dieu au point de nous écrier : « C’en est fini ; A quoi bon vivre ? Le Seigneur m’a abandonné. Je suis vaincu, je n’en peux plus » ? Mais aujourd’hui, nous sommes là à chanter à pleine voix : « Alleluia ! Christ est ressuscité ! Il était là et je ne le savais pas ; Il était là, sans jamais me lâcher, à continuer à m’aimer ; Il est toujours là, Lui le Dieu vainqueur, le ressuscité et le Vivant à jamais ».

 

Vous tous qui nous côtoyez et nous entendez, comprenez-le : nous ne sommes pas des morts mais des vivants. Nous ne sommes nullement dans l’ignorance mais dans la connaissance. Oui, nous savons que Dieu est toute Miséricorde et nous vous le chantons à pleine voix. Chantez donc avec nous les merveilles de Dieu : « Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia ! »

 

SAINTE ET JOYEUSE FÊTE DE PÂQUES !

 

Père Gilles Morin,

Curé

Rechercher la justice sans haïr ; couronner le tout par la miséricorde

 

Certaines phrases auxquelles nous sommes habituées, relues dans des contextes particuliers, prennent alors une intensité que l’on n’avait guère soupçonnée.

Ainsi ces lignes du Concile Vatican II qui enseignent qu’« en la personne des évêques assistés des prêtres, c’est le Seigneur Jésus-Christ, Pontife suprême, qui est présent au milieu des croyants » (LG 21).

Ainsi plus encore celles de Jésus rapportées par l’Evangéliste Saint Jean (15, 18-21) : « Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi.
Si vous apparteniez au monde, le monde aimerait ce qui est à lui. Mais vous n’appartenez pas au monde, puisque je vous ai choisis en vous prenant dans le monde ; voilà pourquoi le monde a de la haine contre vous. Rappelez-vous la parole que je vous ai dite : un serviteur n’est pas plus grand que son maître. Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si l’on a gardé ma parole, on gardera aussi la vôtre. Les gens vous traiteront ainsi à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas Celui qui m’a envoyé »
.

 

Vous devinez combien ces mots peuvent résonner dans le cœur du primat des Gaules, le Cardinal Philippe Barbarin, soumis à un véritable lynchage médiatique. Par-delà sa personne, c’est l’Eglise qui est une fois de plus agressée comme en bien d’autres circonstances, particulièrement – remarquons-le –  à l’approche de Noël et de Pâques.

 

« Mort à cet homme ! … Crucifie-le ! Crucifie-le ! » crient tous ensemble les grands prêtres, les chefs et le peuple.  Ce revirement de la foule qui a acclamé le Nazaréen quelques jours auparavant lors de son entrée à Jérusalem, ce déchainement de violence vis-à-vis de ce rabbi qui a pourtant accomplit des signes et des prodiges et n’a fait que tu bien, comment l’expliquer si ce n’est par une manipulation des grands prêtres et la spirale enclenchée de la haine ? Un sondage de la revue Le point pose actuellement cette question aux internautes : « Le Cardinal Barbarin doit-il démissionner ? ». Ils étaient 66,2%, mercredi, à répondre clairement « Oui ». Que connaissent-ils pourtant de l’accusation portée contre l’archevêque de Lyon ? Comment oser se prononcer lors même que les enquêtes sont encore en cours ? Voilà que Mgr. Philippe Barbarin, louangé à certaines heures passées, est poussé à la démission par la vox populi. Il est condamné médiatiquement avant tout procès. Exit la présomption d’innocence.

 

Rappelons-nous le saint Pape Jean-Paul II, acclamé tant de fois comme le Christ en son entrée triomphale à Jérusalem, qui connut lui aussi des heures de virulences médiatiques, au point qu’un député français alla jusqu’à réclamer qu’il fut conduit devant un tribunal international.

Rappelons-nous encore le pape Benoît XVI qui fut tant caricaturé et honni, et qui se voit reconnaître aujourd’hui le mérite d’avoir établi, avec une fermeté particulière, des règles de mise en lumière des drames de la pédophilie, demandant aux évêques de «toujours suivre les prescriptions des lois civiles» pour «déférer aux autorités compétentes» tout prêtre signalé comme pédophile.

 

Nous sommes dans l’année de la Miséricorde.  « La miséricorde n’est pas contraire à la justice » a rappelé notre pape François dans sa bulle d’indiction de Jubilé extraordinaire de la miséricorde. On peut, on doit, en appeler à la justice et l’honorer. Faut-il pour autant en arriver à se déchaîner dans un débordement de haine par des cris équivalents à des « À mort ! crucifie-le ! ». Laissons résonner en nous le récit de la Passion. D’un côté, il y a les grands prêtres, les chefs et le peuple ; de l’autre il y a le Christ, toute miséricorde. Que choisissons-nous ? Où nous plaçons-nous ? Résolument, faisons le choix de la justice miséricordieuse de Jésus crucifié.

 

Père Gilles Morin,

Curé