La paix avec Jésus, la paix de Jésus

 

Le 30 ou 31 décembre dernier, quelques mots griffonnés sur un papier étaient déposés dans la boite aux lettres de notre communauté. « Vous êtes sur le point de fêter la nouvelle année 2016, était-il écrit, sachez que ce sera votre dernière année ici-bas, ainsi qu’à toute l’humanité et aux Bêtes !  » Il n’y a plus de délai « . Ainsi parle le Seigneur Dieu. Dans moins d’un an, la main de Dieu s’abattra sur cette terre … »

Quel contraste entre ce discours apocalyptique et les paroles que nous livre l’Evangile de ce dimanche ! « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, nous dit Jésus. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Mais le Seigneur s’empresse d’ajouter : « Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne ».

 

La paix du monde, c’est celle conçue comme une absence de turbulences extérieures, imaginant trop souvent pouvoir régler les conflits à coups de traités solennellement signés mais trop souvent violés. La paix, réduite à cette seule dimension, c’est finalement une utopie faisant abstraction de notre nature blessée, qui mène à bien des désillusions. Tant de belles promesses pacifiantes se sont achevées en bains de sang. Jésus avertira très clairement ses apôtres : « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » (Mt 10,34). Les disciples du Christ ainsi que les martyrs de tous les temps en ont fait l’expérience. Pour avoir choisi non point la paix du monde mais « le Prince-de-la-Paix«  (Is 9,6), « Celui qui est paix«  (Mi 5, 4). Oui, pour avoir accueilli la Paix donnée par Jésus-Christ, ils sont entrés dans la Ville sainte, la Jérusalem céleste. Aujourd’hui, la gloire de Dieu les illumine. Ils sont chez Dieu, à la table de Dieu, dans la demeure de Dieu, avec le Père et le Fils dans l’unité du Saint Esprit.

 

Jésus n’est pas celui qui veut nous apeurer, nous menacer ou nous faire trembler. Il sait combien nous sommes immergés dans un monde en folie. Mais il est au contraire Celui qui nous affirme : « Courage, n’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde … Accueillez la paix que je vous laisse, la paix que je vous donne. Vous la trouverez en moi ; puisez dans mon cœur, buvez à la source de l’amour ; Ma paix vous comblera si vous m’aimez et si vous gardez ma parole ».

 

Nous entrons dans le mois de mai. Comment oublier que Jésus nous a laissé la Vierge Marie comme mère vigilante et aimante, comme modèle de celle qui, pétrie de Sa parole, est à nos côtés pour nous protéger, nous réconforter et nous apaiser ? Notre monde est embrasé, nos vies sont tourmentées ; nous n’avons pourtant ni à paniquer ni à désespérer. Quels que soient les dangers, notre Mère du Ciel ne saurait nous abandonner. C’est près d’elle qu’il faut nous réfugier ; c’est à elle qu’il faut demander d’intercéder.

 

Me revient en mémoire cet événement du 30 juillet dernier sur la base militaire El Goloso, en Espagne Un incendie impossible à maîtriser s’était déclaré, calcinant une bonne partie de la végétation alentour. Une fois les flammes éteintes, quelle ne fut pas la surprise des militaires de retrouver intacte, au milieu de la surface carbonisée, une statue de Notre-Dame de Lourdes ! Le gazon près de la statue ainsi que les vases garnis de fleurs qui l’entouraient n’avait pas non plus été touchés par les flammes. Une enquête a dissipé les soupçons de supercherie et conclu à l’inexplicable. Les photos de la statue restant, seule, au milieu d’un espace carbonisé sont impressionnantes et facilement accessibles sur internet.

 

Ainsi, nos vies peuvent être chargées de menaces, et le monde dans lequel nous sommes immergés être un grand brasier ; qu’il nous suffise de nous blottir contre Marie, de la prier, de la laisser nous enlacer. Elle nous murmurera alors : « Accueille la paix que te donne mon fils ; aime Jésus ; vis de Sa Parole ; Il est la Paix »

 

Père Gilles Morin, curé

D’une seule voix, d’un même amour

 

Qu’il est beau ce commandement nouveau : « Comme je vous ai aimés, dit Jésus, vous aussi aimez-vous les uns les autres ! » Et le Christ d’ajouter : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Là où rayonne cet amour, là se trouvent déjà un ciel nouveau et une terre nouvelle. Là se trouve la demeure de Dieu avec les hommes.

 

Vous le savez : dimanche dernier, j’étais en pèlerinage à Lourdes avec nos servants d’autel. Quelle grâce ! En ce lieu béni, le peuple de Dieu était rassemblé, particulièrement au moment de la messe internationale célébrée en la basilique saint Pie X. Français – bien sûr – mais aussi allemands, anglais, italiens, polonais, coréens, espagnols, portugais, congolais etc … affirmaient leur communion dans le commandement de l’amour. Les malades étaient présents, rois au milieu de nous. Ils étaient choyés, entourés, aimés. Les œuvres de miséricorde se manifestaient à nos yeux. Nous étions en vérité disciples du Seigneur ; nous étions comme immergés dans un monde nouveau. Quelle merveille !

 

J’étais fier de voir nos servants d’autel, en aube, assurer leur service avec ferveur et compétence. Le déroulement de la liturgie nous faisait passer d’une langue à l’autre, la langue marquant le plus la célébration étant le latin. C’était une mise en application fidèle du n°36 §1 et §2 de la Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum  concilium du Concile Vatican II qui donne cette directive : «  L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins », tout en ajoutant que « L’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple ; on pourra donc lui accorder une plus large place, surtout dans les lectures et les monitions, dans un certain nombre de prières et de chants … ».

 

« In nomine patris et filii et spiritus sancti » : tels étaient les premiers mots prononcés par le prêtre célébrant. Tout le monde les comprend. Et l’assemblée de répondre d’une seule  voix : « Amen ! » Là encore, tout le monde comprend. Et la liturgie de se poursuivre : « – Dominus vobiscum ! » « – Et cum spiritu tuo ». Que dire de ce moment intense où le célébrant entonna ces mots que nous connaissons bien : « Credo in unum Deum », et l’assemblée de poursuivre d’une seule voix « patrem omnipotentem … ». C’était vraiment l’Eglise en prière, peuple racheté, de toutes langues et nations, profondément uni non seulement dans un même amour mais aussi dans une même foi. Voilà qui me fit me rappeler le dimanche de Pâques en notre paroisse Notre-Dame de Nazareth. Une femme qui était venue à la messe de 11h30 sortit de notre église, contrariée,  au moment où nous chantions le Credo. Elle exprimait son mécontentement à l’un de nos paroissiens. « Pourquoi prendre cette prière en latin ? On ne comprend pas. Il faut pouvoir se pénétrer des mots que l’on prononce, etc …. » et cet homme d’engager avec elle un dialogue tout en lui faisant remarquer que le « Je crois en Dieu » est une prière normalement connue de tous les chrétiens. Je souhaite à cette femme de se retrouver à Lourdes ou en un autre grand lieu de pèlerinage international pour faire l’expérience de pouvoir chanter dans une même langue – le latin – le symbole de la foi, c’est-à-dire ce qui unit et rassemble les disciples du Christ … non seulement dans le commandement nouveau de l’amour mais aussi dans une même foi.

 

Père Gilles Morin,

Curé