Confirmés ? Oui, bien sûr

 

Nous nous souvenons de l’apôtre Paul arrivant à Éphèse et trouvant quelques disciples auxquels il demande : « Lorsque vous êtes devenus croyants, avez-vous reçu l’Esprit-Saint ? » Et ceux-ci de répondre : « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint » Paul les ayant éclairés et enseignés,  leur imposa les mains. Alors, nous dit le texte, « l’Esprit Saint vint sur eux » (Ac 19,2-7).

En ce jour solennel de la Pentecôte, lequel d’entre nous oserait affirmer : « Je n’ai pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint » ? La liturgie nous rappelle constamment sa présence et son action. Pourtant,  il est peut-être opportun de s’interroger.

 

→ La première question qui surgit est bien la suivante : Ai-je reçu le sacrement de Confirmation ? Comme le souligne le catéchisme de l’Eglise Catholique, « avec le Baptême et l’Eucharistie, le sacrement de Confirmation constitue l’ensemble des « sacrements de l’initiation chrétienne », dont l’unité doit être sauvegardée. Il faut donc expliquer aux fidèles que la réception de ce sacrement est nécessaire à l’accomplissement de la grâce baptismale. En effet, par le sacrement de Confirmation, le lien des baptisés avec l’Eglise est rendu plus parfait, ils sont enrichis d’une force spéciale de l’Esprit-Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre et à défendre la foi par la parole et par l’action en vrais témoins du Christ » (N° 1285). Si le sacrement du Baptême est celui de la naissance à la vie divine, le sacrement de la Confirmation est celui de la croissance. Si le baptême fait de nous des disciples du Christ, la Confirmation fait de nous des témoins appelés à aller porter la Bonne nouvelle de l’Evangile. C’est une véritable Pentecôte.

 

→Les questions suivantes portent sur notre accueil de la grâce. « L’Esprit vous fait vivre » nous dit l’apôtre Paul. Est-ce bien le cas ? Nous laissons-nous vraiment pousser, illuminer et embraser par l’Esprit, ou bien sommes-nous encore esclaves des « agissements de l’homme pécheur ». Sommes-nous sous l’emprise de la chair ou bien sous celle de l’Esprit ? Est-ce que nous nous regardons comme des enfants de ce monde ou comme des fils et filles de Dieu osant l’appeler « Abba !, c’est-à-dire : Père !«  ?

 

Il est une autre question que chacun peut se poser et qui fait appel à notre mémoire : « Quel est l’évêque qui m’a confirmé ? » Comme vous le savez, chaque mercredi en début d’après-midi, un petit groupe de garçons du patronage vient dans notre église prier deux dizaines de chapelet à diverses intentions. Avant chaque « Je vous salue Marie« , chacun, à tour de rôle, confie une intention. Depuis le mois de septembre, je suis frappé d’entendre deux garçons confirmés l’an passé et qui, de mercredi en mercredi, prononcent ces mots : « Pour Monseigneur Denis Jachiet ». Certes, dans leur lettre de demande de Confirmation qu’ils lui avaient adressée en mai dernier, ils avaient promis de prier pour lui. Reconnaissons qu’ils tiennent admirablement leur promesse.

C’est Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort qui vient, en cette solennité de la Pentecôte 2016, conférer le sacrement de Confirmation aux enfants de notre paroisse. Puisse-t-il, lui aussi, connaître le soutien fidèle des prières de nos jeunes confirmés.  Je le lui souhaite de tout cœur.

Pour ma part, je vais devoir mener mon enquête. Je vous avoue en effet que je ne me souviens plus du nom de l’évêque qui m’a confirmé … et je voudrais prier pour lui. Il n’est jamais trop tard pour le faire.

 

Père Gilles Morin,

Curé

Les yeux levés pour prier

 

« Les yeux levés au ciel, Jésus priait », affirme l’évangile. Et pour qui priait-il ? Pas seulement pour ceux qui étaient là mais encore pour ceux qui croiraient en Lui. Il priait donc aussi pour nous.

 

Etienne, face à ses accusateurs, « rempli de l’Esprit Saint, fixait le ciel du regard« . Sous le coup des attaques, il priait. À l’image de son Seigneur, par son martyr, il irriguait notre terre de son sang ; il la fécondait.

 

Quant à Saint Jean, il est celui qui a vu ; il a vu et il a cru. Dans la finale du livre de l’Apocalypse, ce contemplatif et méditatif affirme : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle ». Et de nous confier : « J’ai entendu une voix qui me disait :  » Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin » … Celui qui entend, qu’il dise « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement ». Nous sommes là dans un climat de prière, de confidence et de contemplation.

 

En chaque célébration de l’Eucharistie, pour introduire la préface, le prêtre nous adresse cette invitation : « Élevons notre cœur« , et nous répondons : « Nous le tournons vers le Seigneur« . Nous avons grand besoin de ce rappel, tant nous sommes trop souvent les yeux rivés vers les réalités d’en bas, le cœur et l’esprit englués dans le matérialisme et le consumérisme. Si seulement nous levions davantage les yeux, comme Jésus. Si seulement nous fixions davantage le ciel, au quotidien. Si seulement nous étions plus contemplatifs dans une relation intime avec Celui qui est l’alpha et l’oméga !

 

Laissons-nous toucher par cette réflexion de Mustapha, ce musulman qui de temps à autres vient prier avec la communauté chrétienne de sa prison : «Quand vous priez, affirme-t-il, vous êtes beau ». Quelle différence en effet entre le musulman qui prie prostré la face contre terre et le chrétien qui est invité à lever les yeux vers son Seigneur et son Dieu, à tourner son visage vers Celui du christ, reflet de la gloire de Dieu.

 

En ce 8 mai, comment ne pas évoquer Sainte Jeanne d’Arc dont c’est la fête liturgique. C’est la patronne secondaire de notre pays et celle qui est présentée comme modèle à nos patronages qui sont sous le vocable de « la Jeanne d’Arc de Vaugirard ». Nous le savons : que de fois elle a levé les yeux vers le ciel ! que de fois elle a été en prière ! que de fois encore elle a entendu la voix du Seigneur qui, par l’intermédiaire de l’archange Saint Michel et de sainte Catherine, parlait à l’intime de son cœur. Jeune adolescente, elle répond en toute vérité à l’archange : « Je ne suis qu’une pauvre fille ; je ne connais ni a ni b ; je ne sais ni monter à cheval ni faire la guerre ». Les animateurs du patronage qui sont en retraite ce week-end savent lire et écrire – certes- mais la plupart sont pauvres eux-aussi. Ils savent jouer -oui- mais eux non plus ne savent guerroyer. Par contre, dans le contexte privilégié de leur retraite spirituelle, ils savent lever les yeux vers le Ciel ; ils savent recentrer leur vie sur Celui qui est « l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » ; en un mot, ils savent prier pour aviver et cultiver en eux le désir de s’abreuver à la source, pour raffermir au plus intime d’eux-mêmes leur volonté de prier au quotidien. Ils le savent : c’est ainsi qu’à l’image de leur sainte patronne, ils pourront faire de grandes et belles choses.

 

 

Père Gilles Morin,

Curé