C’est bien lui, Jésus

 

Quel printemps ! Celui de cette année 2016 est loin de nous offrir abondance de soleil et douce chaleur. Où est le joli mois de mai dont on parle tant ? Mais le plus important n’est-il pas que le soleil de Dieu brille et réchauffe notre cœur ?

 

Je ne sais quelle était la météo il y a 100 ans dans le petit village de Fatima, au Portugal. On connaît les apparitions de la Vierge Marie qui y ont eu lieu en 1917. On oublie parfois les apparitions de l’ange qui les ont précédées, particulièrement celle du printemps 1916 qui nous livre un merveilleux message et qu’il importe de laisser résonner en notre cœur en cette solennité de la Fête-Dieu. Ce printemps-là, donc, tandis que Lucie, François et sa sœur Jacinthe jouaient aux champs, un vent assez fort secoua les arbres. Levant les yeux, les enfants virent au-dessus des oliviers une chose d’une forme humaine s’approcher d’eux. Elle avait l’apparence d’un jeune garçon de 15 ans tout au plus, vêtu d’un blanc pur, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal. En arrivant près des trois enfants, l’Ange dit : « Ne craignez pas ! Je suis l’Ange de la Paix ». Puis s’agenouillant à terre, il courba le front jusqu’au sol. Les enfants firent de même, et répétèrent les paroles qu’ils entendirent : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime ; je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne Vous aiment pas. » Et l’ange de conclure : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ».

 

En cette solennité de la Fête-Dieu, nous allons raviver notre foi, notre espérance et notre charité. Nous allons nous prosterner. Nous allons processionner. Au plus intime de notre cœur mais aussi par nos chants de louanges, nous affirmerons : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime ». Nous sortirons en notre quartier ; ils sont si nombreux ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui n’aiment pas vraiment Dieu … sans doute parce qu’ils ne le connaissent guère. En cette année de la Miséricorde, pour eux nous demanderons pardon. Que leur montrerons-nous ? une hostie … mais une hostie qui est vraiment Jésus … et Jésus qui est vraiment Dieu. « La foi de l’Eglise, rappelait le Bienheureux Pape Paul VI, affirme ouvertement et sans détour que dans le vénérable Sacrement de la Sainte Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme, est présent vraiment, réellement et substantiellement sous l’apparence de ces réalités visibles. Notre Sauveur est donc présent dans son humanité non seulement à la droite du Père mais en même temps dans le Sacrement de l’Eucharistie en un mode d’existence que nos mots peuvent sans doute à peine exprimer, mais que notre intelligence, éclairée par la foi, peut cependant reconnaître et que nous devons croire fermement comme une chose possible à Dieu ».

 

Les enfants de notre paroisse qui, en ce samedi soir, font leur première communion, croient profondément que l’hostie que le prêtre leur montrera avant de la déposer sur leur langue, c’est Jésus, vraiment Jésus. Ils répondront clairement « Amen !« , autrement dit « C’est vrai, c’est bien ça, je suis d’accord« . Nous le sommes, nous aussi, et nous le proclamons, et nous le chantons.

 

Père Gilles Morin,

Curé

Gardez-moi ce bon dépôt de la foi

 

J’étais encore enfant et, bien involontairement, dans mon insouciance, j’ai attristé pour ne pas dire contrarié mon grand-père. C’était au détour d’une conversation de table. Ce « patriarche » m’interrogea :

-Que fête-t-on le 11 novembre ?

Je ne savais pas … vraiment pas. Ce jour-là, je me réjouissais de ne pas avoir école. Il ne fallait pas m’en demander plus. Cela me suffisait.

Je revois l’air peiné de mon grand-père, s’indignant de mon ignorance. Avec passion, il me partagea ses souvenirs des tranchées, les drames dont il fut le témoin, les horreurs de la guerre. Tout son être vibrait et s’enflammait.

–          Nous nous sommes battus pour notre pays, pour vous, pour la liberté … Vous n’avez pas le droit d’oublier. C’est un trésor que nous vous avons légué.

Ce « patriarche » nous a quittés deux ou trois ans plus tard. Lors de la grande guerre, il avait en effet été « gazé ». À plus ou moins long terme, cela ne pouvait l’épargner.

 

La solennité de ce jour nous fait un devoir de mémoire et nous pousse à raviver le trésor de la foi qui nous a été transmis.

« La foi catholique, nous dit le catéchisme de l’Eglise Catholique (N°266) consiste en ceci : vénérer un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité dans l’Unité, sans confondre les personnes, sans diviser la substance : car autre est la personne du Père, autre celle du Fils, autre celle de l’Esprit-Saint ; mais du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint, UNE est la divinité, égale la gloire, coéternelle la majesté ».

 

Nombreux sont nos devanciers qui se sont battus, ont été exilés et persécutés pour que nous puissions être enracinés de ce grand mystère de notre foi. Grâce à eux, nous avons été baptisés, pardonnés, et sauvés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Nous leurs devons de pouvoir affirmer que Dieu n’est pas solitaire mais qu’il est communion d’amour. Ne l’oublions pas : nous avons été créés à l’image et à la ressemblance de ce Dieu. Nous ne sommes donc pas des êtres appelés à se recroqueviller dans l’individualisme et l’égoïsme. Nous avons vocation à la communion, à l’amour de Dieu et de nos frères. Nous le savons : notre monde s’enlise dans la solitude. Toutes les grandes associations caritatives le soulignent ; toutes les analyses sociologiques le révèlent. Ce constat ne doit-il pas nous inviter à nous interroger ? La racine de ce mal ne doit-il pas se chercher en ce grand mystère trop souvent oublié ? Si, au quotidien, en traçant sur nous le signe de croix et en invoquant la Sainte Trinité, nous savions prendre un peu plus conscience que nous sommes faits pour aimer en vérité, la solitude reculerait, l’humanité serait plus solidaire et plus humaine, plus attentive aux petits et aux pauvres … et nos familles reflèteraient davantage l’être-même de Dieu, à savoir une trinité d’amour.

 

N’oublions donc jamais ce trésor de notre foi. Tel était bien ce cri du cœur de Saint Grégoire de Naziance adressé aux catéchumènes de Constantinople. C’était au IVème siècle. Ce cri est pour nous, aujourd’hui :

« Avant toutes choses, gardez-moi ce bon dépôt pour lequel je vis et je combats, avec lequel je veux mourir, qui me fait supporter tous les maux et mépriser tous les plaisirs : je veux dire la profession de foi en le Père et le Fils et le Saint-Esprit. Je vous la confie aujourd’hui …/… je vous la donne pour compagne et patronne de toute votre vie. Je vous donne une seule Divinité et Puissance, existant Une dans les Trois, et contenant les Trois d’une manière distincte » (C.E.C N°256)

 

Père Gilles Morin,

Curé