En Avent !

 

Non, ce n’est pas une faute d’orthographe ! Simplement un petit jeu de mots. J’entends déjà la rumeur venant du patro « facile » ! Oui, mais si le jeu de mots est facile, la réalité est tout autre…

 

Entrer vraiment dans le temps de l’Avent n’est pas si simple. Il y a tant et tant d’obstacles sur notre chemin pour accueillir l’enfant Dieu que l’Église, en bonne mère, est obligée de jalonner notre route.

 

Là où nous pensons lumières de fêtes et illumination de nos rues, l’Eglise nous aide à accueillir celui qui est la vraie lumière venue dans ce monde. Là où nous pensons bons repas et tables bien garnies, l’Eglise nous rappelle que celui qui vient au monde dans une mangeoire est aussi celui qui deviendra le pain véritable, né à Bethléem, « la maison du pain ». Là où nous pensons beaux cadeaux enrubannés de toutes les couleurs, l’Eglise nous aide à voir dans ce nouveau-né, enrubanné dans ses langes, le plus beau des cadeaux que Dieu puisse nous faire, celui qui est le plus précieux, pour lui, et qui le devient pour nous, son Fils bien-aimé.

 

Nous pourrions trouver encore bien des aspects, dans cette si belle fête,  comme par exemple l’accueil de nos frères pauvres, en pensant à la Sainte Famille qui ne trouva pas de lieu pour l’accueillir…

 

Nous allons avoir surtout deux exemples, deux guides pour cheminer jusqu’à la grotte de Bethléem : Jean Baptiste et Marie.

 

Jean Baptiste comme le modèle de celui qui veille, par une vie de silence, dans le désert, scrutant ce que dit la Parole de Dieu sur celui qui doit venir. Silence et écoute de la Parole ne pourraient-ils pas être notre nourriture  quotidienne au lieu de bruit et de lectures qui ne servent à rien sinon à nous distraire de l’essentiel ?

 

Marie comme le modèle de ceux qui veulent servir leur prochain, attentive aux moindres besoins, prête à se mettre en route sans perdre de temps pour quelqu’un qui en a besoin. Marie est aussi à l’écoute de cette Parole qui doucement germe en elle. Ne pourrions-nous pas être plus attentifs et serviables pour ceux qui nous entourent, sans compter notre temps si quelqu’un veut nous parler ou nous demande un service ?

 

L’Eglise nous le redit en ce dimanche « restez éveillés et priez en tout temps » ceux qui auront participé à la nuit d’adoration apprécieront. Rien ne nous empêche d’en faire notre quotidien dans ce temps de l’attente.

 

P. J-L Gallet sv

Roi toujours ; chrétien toujours

 

C’était jeudi soir. Un petit du patronage, mignon comme tout, me saluait très poliment en repartant. Arrivait à ce moment notre Frère Crispin, l’un de nos jeunes religieux africains. En le voyant et en le saluant à son tour, ce petit laisse échapper ces mots :

-Tous ces Frères, le Frère Bruno, le Frère, Damien, maintenant le Frère Crispin … C’est une véritable armée de Frères, dit-il avec son large sourire taquin.

-Peut-être en feras-tu partie un jour, lui répond le Frère Crispin,  rayonnant d’un sourire non moins taquin.

Et le petit bonhomme de faire cette réflexion croustillante :

-Moi, je serai peut-être prêtre …, oui, prêtre le dimanche, et je travaillerai dans la semaine.

 

Que fallait-il répondre à ce petit ? « Tu sais, on n’est pas prêtre l’un ou l’autre jour et pas les autres jours ; une fois qu’on est prêtre, on l’est pour toujours ». De même, ne faut-il pas répéter ? « On n’est pas chrétien à un moment où à un autre ; quand on l’est vraiment, on doit l’être partout et en toutes circonstances … toujours ». Pour le disciple du Christ, il n’y a pas un temps pour aimer et un temps pour haïr, un temps pour pardonner et un temps pour se venger. Et cela, quels que soient les drames qui nous frappent.

 

Suite aux folies meurtrières qui ont secoué notre pays, les réactions sont multiples et les passions s’embrasent. Dans la foulée des récents attentats, l’une de mes sœurs m’écrivait avec flamme : « Il y a un moment ou l’amour ne suffit pas et où il faut agir, c’est une question de vie ou de mort, pour nos enfants et pour notre religion… Je suis dure, mais l’amour des autres a ses limites ». Chère grande sœur à qui je dois tant, il y a bien  un temps pour agir et réagir, mais jamais dans la haine ni dans l’esprit de vengeance ; il y a, certes, le devoir de se protéger au point, parfois, d’être acculé à tuer, mais toujours dans le but ultime de sauvegarder et sauver « . La haine n’est jamais la bonne réplique aux drames, quels qu’ils soient. J’ai conscience que ces mots me sont faciles aujourd’hui à prononcer. Aucun des membres de ma famille ou de mes proches amis n’ont, en effet, été sauvagement assassinés. Pourtant, si un jour de tels drames venaient à frapper les êtres qui me sont le plus chers, que le Seigneur me fasse la grâce de me garder dans la paix du cœur et l’amour du Seigneur.

 

Attention, l’heure est venue de voir si Jésus est vraiment pour nous le Roi de l’univers et donc le Roi de notre cœur, celui de toute notre vie. Que nous murmure-t-il ? Que nous répète-t-il avec une douceur particulière en ces temps si difficiles ? « Je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.» (Lc 6, 27-28). Laissons résonner en nous ces paroles. Pour le chrétien, il ne saurait y avoir un jour pour fermer ses oreilles et son cœur à ce que lui enseigne le Sauveur.

 

« Priez », insiste Jésus. Alors prions pour les victimes des attentats ; prions pour nos responsables politiques afin qu’ils discernent avec force et sagesse ce qui doit être entrepris pour protéger notre nation. Prions aussi pour ceux qui nous persécutent … C’est dur, oui, mais Jésus nous le demande. Les paroles de bonté et d’amour de Jésus-Sauveur peuvent, en ces jours, nous paraître insoutenables et insupportables. Nous pourrions nous écrier avec ma grande sœur : « L’amour a ses limites ». Ce serait finalement affirmer : « Nous ne voulons pas de cet amour prôné par Jésus, amour de toujours, ô combien insupportable ». L’histoire ne ferait alors que se répéter. Nous serions comme à crier au diapason d’une certaine foule rassemblée à Jérusalem il y a bien longtemps : « Nous ne voulons pas d’un tel roi ». Ce serait le pire des drames.

 

Père Gilles Morin,

curé