Marteau en main

 

Notre monde – et donc chacun d’entre nous – a grand besoin de Miséricorde. Qui oserait sérieusement le contester ? En nous offrant ce merveilleux cadeau d’une année sainte centrée sur ce thème, notre pape François nous le rappelle avec cœur et avec force. En cela, il ne fait que s’inscrire dans l’élan de ses prédécesseurs, particulièrement du saint pape Jean-Paul II qui affirmait dans son encyclique Dives in Miséricordia : « La mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise l’homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu’ici, est devenu maître de la terre qu’il a soumise et dominée (cf. Gn 1, 28). Cette domination de la terre, entendue parfois de façon unilatérale et superficielle, ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde… Et c’est pourquoi, dans la situation actuelle de l’Eglise et du monde, bien des hommes et bien des milieux, guidés par un sens aigu de la foi, s’adressent, je dirais quasi spontanément, à la miséricorde de Dieu ». Notre pape François insiste clairement sur le fait que cet enseignement « demeure plus que jamais d’actualité et mérite d’être repris en cette Année Sainte. Recevons ses paroles, dit-il, de façon renouvelée :  » L’Eglise vit d’une vie authentique lorsqu’elle professe et proclame la Miséricorde, attribut le plus admirable du Créateur et du Rédempteur, et lorsqu’elle conduit les hommes aux sources de la Miséricorde du Sauveur, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice  » ».

 

Après celle de la basilique Saint Pierre de Rome, c’est en ce dimanche la porte sainte de la basilique Saint Jean de Latran ainsi que celles des cathédrales de par le monde qui vont s’ouvrir pour manifester à tous que le cœur miséricordieux du Christ Sauveur nous est largement ouvert. Il est riche d’enseignement de se rappeler que jusqu’en 1975, la Porte Sainte des quatre basiliques romaines était fermée de l’extérieur par un mur et non par une porte. Au moment de l’ouverture, on n’ouvrait donc pas les battants d’une porte, mais on faisait tomber un mur : le Pape en abattait une partie et les maçons complétaient ensuite l’œuvre de démolition. Il faut même préciser qu’à Noël de l’année 1949, le Pape utilisa le marteau pour frapper trois coups contre le mur qui fermait la Porte Sainte.

« Que devons-nous faire ? » demandent les foules à Jean-Baptiste. Il nous faut abattre les murs qui se dressent entre le cœur de Dieu et le nôtre, qui sont tant d’obstacles à notre entrée dans son cœur, ou plus exactement empêchent le Christ d’entrer dans notre cœur pour y accomplir sa mission de Sauveur. Armons-nous du marteau pour ébranler notre orgueil, notre égoïsme, nos passions désordonnées, nos rancœurs et nos duretés de cœur. Nous avons tant besoin de miséricorde pour accueillir au quotidien, et particulièrement dans la nuit de Noël, Celui qui est toute Miséricorde.

 

Alors, à quelques jours de Noël, soyons tous marteau en main pour préparer la venue de Jésus dont le nom signifie « Dieu sauve ». Pourquoi vient-il donc ? Pour nous dire que Dieu est Miséricorde et pour faire œuvre de Miséricorde. Oui, marteau en main pour que les portes de notre cœur soient grandes ouvertes.

 

P. Gilles Morin

Curé

En avant

 

À la différence du titre de l’éditorial du Père Gallet la semaine dernière, cette fois-ci, c’est bien  « avant  » sans majuscule et avec un « a ». Oui, allons de l’avant ! Alors que nous nous apprêtons à solenniser notre Mère du Ciel en son Immaculée Conception et où nous allons entrer dans l’Année Sainte de la Miséricorde, comment ne pas s’écrier : « En avant ! ».

 

Il y a quelques semaines, un samedi soir vers 21h30, je rentrais du stade de football où je vais le plus souvent possible encourager nos grands du patronage. Garant la voiture à mon retour et à peine descendu, je vis une ombre dans la nuit tout près de l’oratoire. Quelque peu inquiet, je m’approchais. Un homme était là, assis sur les marches, en silence. Je le reconnu tout de suite ; c’était l’un de nos paroissiens, tenant son chapelet à la main.

–          Bonsoir ! vous attendez quelqu’un ou vous avez besoin de quelque chose, lui demandai-je ?

–          Non, me répondit-il. Je suis venu prier la Vierge Marie.

–          Voulez-vous que je vous ouvre l’oratoire ?

–          Non, ce n’est pas la peine

Je me permis alors d’insister, mais lui de me redire en toute simplicité

–          Non, vraiment, je vous remercie.

Et, tout en se tournant vers l’oratoire, d’ajouter :

–          Je sais qu’elle est là

Je ne sais ce que ce paroissien portait ce soir-là en lui ni ce qu’il voulait confier à la Vierge Marie, mais je n’ai pas manqué de m’émerveiller. Avant de m’endormir, je me suis redis : « Prie encore et toujours plus Marie, la Vierge Immaculée, Notre-Dame de Nazareth« .

 

Mardi avec l’Eglise universelle, puis dimanche prochain en communion avec tout notre diocèse, nous entrerons dans l’Année Sainte de la Miséricorde qui nous est offerte par notre Saint Père, le pape François. C’est lui qui nous dit : « Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu ».

 

Dès lors, comment ne pas aller de l’avant, malgré nos fragilités et nos péchés ? Nous avons Marie ; nous savons qu’elle est là, toujours là, comme son fils et avec son fils. Allons nous blottir contre son cœur, pleurer et exulter près d’elle, tout faire passer par elle. Quittons notre robe de tristesse et de misère, rejetons toute tentation de découragement et de désespérance. Réjouissons-nous parce que Dieu se souvient ; oui il se souvient de la promesse faite à son peuple. Voici venir le Sauveur, le Dieu de toute Miséricorde. Que notre voix s’élève pour crier dans le désert de notre monde : « Contemplez la splendeur de la Miséricorde ! Il vient Jésus, l’Amour incarné, le prince de la paix, pour nous révéler la tendresse du Père ; il nous est donné par Marie, notre maman à tous. Elle est toujours là, soyez-en sûrs ; elle ne nous oublie pas. Alors, surtout, ne l’oublions pas.

 

P. Gilles Morin

Curé