Ressemblances

 

Que de ressemblances entre nous, particulièrement entre chrétiens !

Ne sommes-nous pas tous créés à l’image et à la ressemblance de Dieu ?

Ne sommes-nous pas tous fils et filles d’un même Père, notre Père des cieux ?

Baptisés, ne sommes-nous pas tous membres d’un même corps, l’Eglise, l’unique Eglise fondée par Jésus-Christ ?

N’est-ce pas pour nous tous que le Christ a versé son sang, a souffert sa Passion, est mort et est ressuscité ?

Finalement, ne sommes-nous pas tous de pauvres pécheurs pardonnés et sauvés ? … si, du moins, nous laissons la Miséricorde Divine se répandre en nos cœurs.

 

Il est un moment particulier où ces questions prennent en moi toute leur mesure, c’est lorsque je donne le sacrement du pardon. Voyant le pénitent, je ne peux alors m’empêcher de me dire en moi-même : « Comme il (elle) me ressemble ! » Il (elle) est pauvre, faible et pécheur, comme moi ; il regrette, comme moi ; il voudrait tellement faire mieux, comme moi ; il bataille au jour le jour, comme moi ; il tombe et se relève comme moi. C’est un pécheur pardonné, comme moi. Oui, comme il (elle) me ressemble ! Comme ils se ressemblent tous ! Comme nous nous ressemblons tous !  Combien, tous, nous sommes aimés de Dieu !… et toujours, Dieu veut nous pardonner. Quelle merveille de Miséricorde !

 

La première lecture de ce dimanche nous relate ce moment où le prêtre Esdras présenta à l’assemblée le livre de la Loi et en fit la lecture « depuis le lever du jour jusqu’à midi ». Tout le peuple se mit debout, nous dit-on, et « levant les mains, répondit ! « Amen ! Amen ! »« . Des siècles plus tard, le grand prêtre par excellence, le Christ, ouvrit lui aussi le Livre pour lire ce passage du prophète Isaïe : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la libération … » Nous le savons : avec Jésus « les temps sont accomplis« . L’humanité est rachetée, elle est réconciliée avec Dieu, elle est sauvée.

 

En ces temps qui sont les nôtres, notre Pape François ouvre lui aussi le Livre et nous invite à laisser résonner en nous la Parole de Dieu, à l’accueillir et à nous en laisser pétrir. En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, il nous renvoie à ces mots de l’Apôtre Paul : « Vous êtes la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la nation sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, vous qui jadis n’étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde. (1 Pierre 2,9-10) ». En accueillant ces paroles, au diapason du Peuple élu, puissions-nous nous écrier : « Amen ! Amen ! ».

 

Il faut le redire : Tous nous sommes de pauvres pécheurs ; tous nous sommes rachetés, aimés et sauvés. En tout cela, nous nous ressemblons tellement. Nous sommes membres du même Corps ; nous appartenons au Christ ; nous sommes frères. À nous, avec la grâce de Dieu, d’accueillir les flots de Miséricorde jaillis du cœur de Jésus-Sauveur.

P. Gilles Morin

Curé

Comment imaginer ?

 

C’était il y a quelques jours, à la sortie d’une messe que je venais de célébrer. Je me tenais dans l’allée de l’église pour saluer les personnes qui venaient d’y participer.  L’une d’elles, fidèle parmi les fidèles, les yeux embués de larmes me lança : « Père, vous n’imaginez pas à quel point c’est dur ». La messe venait d’être célébrée à l’intention de son défunt mari, décédé il y a quelques années.

« Vous n’imaginez pas à quel point c’est dur ». Je devine assez bien ce que je lui aurais répondu dans les jeunes années de mon sacerdoce : « Je sais ; courage ; puisez vos forces dans la prière ; confiez-vous bien au Seigneur ; votre mari, là où il est, continue de cheminer avec vous etc … ».

Pour moi, les années ont passé. J’ai la joie non seulement d’être totalement consacré au Seigneur mais aussi de vivre en communauté. Quoi qu’il arrive, je sais que je suis entouré de Pères et de Frères, d’une famille religieuse qui est parfois source de croix mais qui est ô combien source de joie. Je ne suis jamais seul ; je ne resterai jamais seul. Spontanément, j’ai donc humblement avoué à cette femme : « Non, c’est vrai, je ne peux pas imaginer ».

 

Nous fêtons en ce dimanche nos jubilaires de mariage. Plusieurs célèbrent le cinquantième et même le soixantième anniversaire du jour où, devant Dieu, ils se sont unis par ce merveilleux sacrement qui scelle une alliance pour toute la vie entre un homme et une femme désireux de donner la vie. Ce grand événement, ils ne l’ont pas oublié ; c’était une telle grâce, une telle joie. L’évangile de ce jour nous relate les noces à Cana, en Galilée.  Durant 3 jours, la fête battait son plein. Jésus était là, avec Marie, sa mère. Il est toujours là, Lui qui est l’Amour incarné. Jamais il ne nous lâche … et sa Mère, pas davantage. Merci à nos jubilaires pour leur témoignage de fidélité, pour leur amour partagé. Notre monde en a tant besoin.

 

Nous accueillons en ce moment des reliques de Louis et Zélie Martin. Leur sacrement s’est célébré un mardi de juillet 1858, en pleine nuit, dans la simplicité et la ferveur. Ces deux chrétiens se sont profondément aimés et nous sont présentés par l’Eglise comme des époux et parents modèles. Dix-neuf ans : telle a été la durée de leur union sur terre. Ils  La mort de Zélie fut pour son époux Louis et ses enfants un véritable drame. Pour ma part, je ne saurais imaginer combien cela a dû être dur ; je ne peux tout au plus que le pressentir. Il n’en demeure pas moins que la fécondité de ce couple chrétien est exceptionnelle et nous appelle, par-delà les joies et les croix, à marcher dans l’amour du Seigneur et à vivre dans son alliance. Aujourd’hui, avec nous, du haut du ciel, ils jubilent et nous redisent : « Qu’il est beau d’aimer Dieu ; qu’il est beau de s’aimer ! Par-delà vos épreuves et vos croix, jubilez puisque vous aimez ».

 

P. Gilles Morin

Curé