Approche-toi

 

Simon-Pierre tombe aux genoux de Jésus, en disant : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». La scène est impressionnante. Le miracle qui vient d’être accompli par ce rabbi de Nazareth est tel qu’il suscite en Simon-Pierre « un grand effroi » et une réaction de prise de distance. Nous connaissons la réponse de Jésus. Si familière nous est-elle devenue, elle n’en reste pas moins stupéfiante : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». C’est équivalemment répondre : « Non, je ne m’éloignerai pas de toi ; au contraire, toi, viens ! approche ! et même, suis-moi !».

 

« Approche-toi ! » Tel est l’appel que nous lance Jésus en la personne de notre Pape François en cette Année sainte. « Approche-toi de la Miséricorde ! Laisse-toi embrasser par la Miséricorde ! Suis-moi, qui que tu sois, quel que soit ton état de pécheur ». La démarche de notre pèlerinage paroissial de ce dimanche exprime notre réponse à cette invitation.

 

« Malheur à moi ! s’écriait le prophète Isaïe il y a des siècles de cela, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures … ». En franchissant la porte sainte de la basilique Notre-Dame des Victoires, avec un cœur contrit, broyé, dont Dieu ne saurait avoir de mépris, nous pourrons au contraire nous dire : « Heureux sommes-nous, pauvres pécheurs que nous sommes, qui habitons dans un monde déboussolé, égaré et perverti ; Oui, heureux sommes-nous : nous sommes retrouvés … nous rachetés et sauvés par le Christ-Miséricordieux ».

 

Il y a quelques jours, je recevais la visite émouvante d’un jeune de 37 ans. C’était l’un de mes petits du patro, il y a 28 ans de cela. Après mon départ, son parcours fut chaotique. À présent, il se tenait à nouveau en face de moi, non plus comme un enfant pétillant de joie et de vie mais comme un homme broyé, brisé, tant physiquement que psychiquement. Tout en me racontant ses malheurs, il pleurait et pleurait encore en répétant : « Père, je ne vous ai pas oublié ; je n’ai que vous à qui parler » … Et notre rencontre s’acheva par une magnifique confession. Quelle joie de lui donner le pardon de Dieu, d’être l’instrument par lequel le Seigneur déversait en son cœur ses flots de tendresse, de réconfort et de miséricorde !

 

Nous avons toujours Jésus à qui parler ; nous avons toujours Jésus qui, loin de nous dire « Eloigne-toi«  nous répète inlassablement : « Approche-toi ! ». Nous avons toujours Jésus pour nous pardonner et nous relever. Alors, allons à Lui, courons vers Lui. En Lui est la source de notre bonheur. Quelles que soient nos fragilités, nos médiocrités et nos péchés, heureux serons-nous si nous ne l’oublions pas, si nous savons revenir vers Lui pour nous laisser embrasser et sauver.

 

P. Gilles Morin

Curé

Bon réflexe

 

Vous connaissez notre patronage des garçons. Il jouxte notre église paroissiale. Vous avez parfois l’occasion de voir grands et petits courir en tous sens sur la cour. Vous devinez que les activités auxquelles ils se livrent ne sont pas sans risques, particulièrement le football. Nos jeunes ne se ménagent guère. Dans un bon esprit, certes, et selon le respect des règles, ils se donnent à fond pour faire circuler le ballon, le prendre à l’adversaire, dribbler et tirer. Les réflexes sont, bien sûr, essentiels. Accélérations, sauts, contacts physiques, frappes acrobatiques du ballon … tout y passe dans une saine passion. On ne s’étonne guère qu’il y ait parfois des accidents. Tel fut le cas il y a deux semaines sur notre cour. Une action parmi tant d’autres, un choc en extension, une mauvaise réception …  un jeune restant au sol et criant de douleur… la sirène des pompiers ; l’évacuation à l’hôpital puis l’opération. On connaît cet enchaînement redoutable. Mais en ce dimanche 17 janvier, il y eut une merveille, un très beau réflexe. Une première fois, entouré de ses camarades qui s’étaient précipités autour de lui, puis une seconde fois alors qu’il était couché dans le véhicule des pompiers, ce grand jeune répéta à tous : « Priez bien pour moi ». Et de me dire en me regardant droit dans les yeux : « Père, priez bien pour moi ».

 

Mardi prochain, 2 février, nous solenniserons la clôture de l’année de la Vie Consacrée en la fête de la Présentation de Jésus au Temple. Aujourd’hui, en ce dimanche, nous tenons à souligner ce trésor de la Vie Consacrée avec l’ensemble de notre communauté paroissiale. Quel rapport, me direz-vous, avec cet accidenté dont je viens de parler ? Vous le savez sans doute, notre pape François se plaît à présenter l’Eglise comme « un hôpital de campagne ». L’Eglise a en effet mission de prodiguer l’Amour du Christ, de l’annoncer et de le rayonner, de le répandre sur les plaies des blessés de la vie. Or, en ce domaine, la Vie Consacrée tient une place particulière et privilégiée.  Comme l’affirmait déjà nettement le saint Pape Jean-Paul II, notre monde, emporté dans une spirale de suractivité et de passions déréglées, sombre dans l’oubli de Dieu. Il perd la mémoire de son Seigneur ; il perd de vue les traces de son Dieu ; il vivote comme si Dieu n’existait pas.  « La vie consacrée, surtout pendant les périodes difficiles, écrivait-il, est donc une bénédiction pour la vie humaine et pour la vie de l’Église elle-même ». Elle est une véritable « thérapie spirituelle ». Avec l’apôtre Paul, elle provoque, proclame et prophétise ; elle nous exhorte: « Recherchez avec ardeur les dons les plus grands … ».  Son action étale sous nos yeux, au fil de l’histoire, la charité qui « rend service, supporte tout, espère tout et endure tout« . Mais sa seule présence est le rappel de « l’absolu de Dieu ». Elle entretien donc en nous le réflexe de la prière qui nous fait dire en toutes circonstances : « Priez bien pour moi ».

 

Vous êtes nombreux à confier à notre communauté et à celle des Sœurs de la maison sainte Germaine vos intentions de prière. C’est vraiment un très bon réflexe. Soyez donc sûrs que nous prions effectivement pour vous. Nous sommes là.

 

P. Gilles Morin

Curé