Que faites-vous ? Que faisons-nous ?

Il y a 3 ou 4 ans, j’étais en entretien téléphonique avec une femme dans l’épreuve. Elle venait de perdre son papa et demandait une cérémonie d’obsèques religieuses en notre paroisse. Elle habitait le quartier mais ne connaissait pas notre église dans laquelle, visiblement, elle n’avait jamais pénétré. Elle avait une idée bien arrêtée du jour et de l’heure de la célébration. Je ne pouvais, hélas ! répondre favorablement à son attente. J’avais beau lui répéter que nos deux autres prêtres étaient en retraite spirituelle, que j’étais donc seul à la paroisse et déjà pris par un rendez-vous important, elle n’écoutait pas, elle ne comprenait pas. Sous le coup de la douleur, elle revendiquait son droit à avoir un prêtre et se lamentait devant la difficulté à en trouver un à sa disposition. Je pris sur moi pour garder la délicatesse et l’écoute qui s’imposent en de telles circonstances douloureuses, mais je dois vous avouer que je me retenais pour ne pas lui lancer : « Madame, vous vous plaignez du manque de prêtres, mais qu’avez-vous fait pour en avoir ? Avez-vous prié ? Avez-vous désiré en voir se lever autour de vous et chez vous, parmi vos enfants, dans votre propre famille ? Oui, qu’avez-vous fait ? ». Grâce à Dieu, la conversation avec cette femme évolua et la célébration pour son papa se déroula au mieux.

 

Nombreux sont ceux qui gémissent sur le fait qu’il n’y a presque plus de Sœurs ou de Frères dans les écoles catholiques, qu’on n’en rencontre plus guère dans les hôpitaux ni dans le monde de la santé, qu’il est si dommage de  voir tant de maisons religieuses fermer et tant de congrégations s’effondrer. Là encore, il serait légitime de lancer : « Mais qu’avez-vous fait ? Avez-vous prié ? Avez-vous élevé vos enfants dans un climat permettant l’éveil et l’épanouissement d’une éventuelle vocation ? »

 

C’était il y a une vingtaine d’années, lors de ma première nomination à N.D. de Nazareth, un dimanche des vocations. J’avais assuré la prédication sur ce thème qui me tient particulièrement à cœur.  Á la sortie de l’une des messes dominicales, un père de famille nombreuse me fit remarquer avec un grand bon sens : « Mais Père, pour qu’il y ait des vocations, il faut des Pères et Frères qui donnent envie de l’être ». C’est justement l’accent mis par notre pape Benoît XVI dans son message à l’occasion de cette journée mondiale de prière pour les vocations. Il y rappelle l’impact de l’exemple, du témoignage, du rayonnement et de la fidélité des prêtres et des personnes consacrées, comme étant à même de susciter des vocations. La question nous est donc renvoyée à nous, Religieux de Saint Vincent de Paul, et à tous ceux qui sont entièrement donnés au Seigneur : « Mais qu’avons-nous fait ? Avons-nous prié ? Avons-nous témoigné de la joie de notre consécration ? Avons-nous rayonné de la lumière du Christ, le grand amour de notre vie ? Nous sommes-nous sanctifiés ?… Oui, qu’avons-nous fait ? »

 

Tout en priant pour que se lève de belles et nombreuses vocations, n’oubliez pas de prier aussi pour les prêtres, religieux, religieuses et personnes consacrées, particulièrement ceux que vous connaissez. Que votre soutien spirituel leur soit une force pour qu’ils vivent toujours dans une plus grande sainteté.

 

 

Père Gilles Morin

Curé