J’en suis ému parfois jusqu’aux larmes. Chaque mercredi, en début d’après-midi, les enfants du patronage qui le souhaitent sont invités à venir prier la Vierge Marie. Leur nombre oscille entre 10 et 20. Le principe est simple. Chacun, à tour de rôle, confie à haute voix une intention de prière de son choix et commence la récitation d’un « Je vous salue Marie ». Tous s’unissent ensuite à lui. L’intention qui leur vient le plus spontanément à l’esprit, qu’ils expriment avec force et qui est de loin la plus fréquente n’est autre que : « Pour ma famille ». Trop d’enfants pleurent de ne pas être immergés au quotidien dans un bain d’amour. Les sondages l’attestent : pour un enfant, pas de plus grand bonheur que de voir ses parents heureux.
Nous fêtons ce dimanche nos jubilaires de mariage. Nous vibrons à leur action de grâce. Nous imaginons ce qui peut résonner dans leur cœur à l’écoute de la Parole de Dieu : « Maudit soit l’homme … Béni soit l’homme … Heureux … malheureux … ». Et eux de s’écrier : « Bénis sommes-nous … heureux sommes-nous ».
Les plus anciens parmi nos jubilaires fêtent leurs 65 ans de mariage. Que c’est beau ! Ne nous imaginons pas que ce long temps fut une croisière doucette et tranquille. Les écueils et les bourrasques n’ont certes pas manqué ; mais chacun est resté enraciné dans la grâce de son mariage. Les « je t’aime » qui ont jalonné leur longue route n’ont pas été « rien que des mots, encore des mots, toujours des mots » ; ils ont été l’expression juste d’une vie donnée, d’un engagement respecté, de sacrifices consentis, de pardons accordés.
Nos jubilaires sont là aujourd’hui, ne faisant toujours qu’un, parce qu’ils ont mis leur confiance dans le Seigneur. Ils sont en notre monde trop souvent desséché comme autant d’arbres plantés au bord des eaux, au feuillage toujours vert. Par-delà les rides qui plissent leurs visages ou les infirmités dues à leur grand âge, nous sentons bien la jeunesse de leur amour. Ils sont heureux, tout simplement … Ils font parti de la grande famille de Notre-Dame de Nazareth. Nous sommes un peu comme leurs enfants. C’est pour nous une telle joie de les voir heureux. Merci à eux … et plus encore à Dieu.
Père Gilles Morin
Curé