Le Brexit de la Grande Bretagne a marqué l’actualité de ces derniers jours. Cette décision référendaire a secoué nombre de nos personnalités politiques. À cette occasion, plusieurs et non des moindres, à commencer par notre Président, ont souligné l’importance de revenir aux valeurs fondatrices de l’Europe, et donc à celles des fondateurs. Je ne peux que souscrire pleinement à cette bonne intention. Encore faut-il accepter loyalement d’identifier clairement ces valeurs.
Cracovie : ce nom évoque spontanément pour nous le lieu des prochaines J.M.J qui se tiendront en cette ville du 26 au 31 juillet. Cracovie : ce nom nous renvoie aussi à Karol Wojtyla, le saint Pape Jean-Paul II qui a tant marqué l’histoire de ces dernières décennies et dont l’Europe fut l’une des grandes préoccupations.
« L’Europe, écrivait-il, a besoin d’un saut qualitatif dans la prise de conscience de son héritage spirituel … je te le répète encore aujourd’hui, Europe qui es au début du troisième millénaire : « Retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racines » (Ecclesia in Europa)
Ces racines, quelles sont-elles ? « C’est l’évangélisation, affirmait-il encore, qui a formé l’Europe, qui a donné naissance à la civilisation de ses peuples et à leurs cultures. La diffusion de la foi dans le continent a favorisé la formation des différents peuples européens, mettant en eux les germes de cultures aux caractéristiques diverses, mais reliées entre elles par un patrimoine de valeurs communes, celles qui étaient enracinées précisément dans l’Evangile » (Mémoire et Identité)
Et le pape Jean-Paul II de déplorer : « La culture européenne donne l’impression d’une « apostasie silencieuse » de la part de l’homme comblé qui vit comme si Dieu n’existait pas »
Dans ce même élan, notre pape François lançait aux membres du parlement européen le 25 novembre 2014 : « Europe, qu’as-tu fait des promesses de ta fondation ? ».
Revenir aux valeurs fondatrices de l’Europe, voilà donc une belle intention des hommes politiques et des gouvernants de notre continent. Pleinement d’accord. J’aimerais donc leur rappeler que Schuman, Adenauer et De Gasperi, considérés comme les pères fondateurs de la communauté européenne, ont pris l’initiative et le temps de se retirer dans un monastère bénédictin du Rhin pour méditer et prier avant d’entamer les délicates négociations qui aboutirent en 1951 à l’adoption du traité de Paris. J’aimerais aussi leur rappeler ces paroles de Robert Schuman, si pertinentes : « Tous les pays européens ont été pétris par la civilisation chrétienne : c’est cela l’âme de l’Europe qu’il faut faire revivre ».
Alors, messieurs les gouvernants, en retraite pour méditer et prier … et pourquoi pas dans un monastère bénédictin puisque, vous le savez sans doute, l’Europe s’est façonnée et développée à partir de telles abbayes.
Père Gilles Morin,
Curé