Ni la grisaille ni la pluie de ces derniers jours ne nous aident à répondre aisément à l’appel de l’apôtre Paul qui résonne en ce 3ème dimanche de l’Avent. Ni l’ambiance générale de notre société ni nos soucis quotidiens ne nous portent à donner consistance à cet impératif lancé dans la seconde lecture de ce dimanche : « Frères, soyez toujours dans la joie ». Cet appel, nous sommes prompts à l’oublier. Quel est le motif de notre joie ? Les textes de la liturgie nous le martèlent tout au long du temps de l’Avent : « Le Seigneur, vient ». Il est venu ; il est là ; il reviendra. Il est le Sauveur, le libérateur.
Le calendrier de cette année fait que dimanche prochain tombera la veille de la solennité de la Nativité. La tentation pourra être grande de faire l’impasse sur la messe matinale du 4ème dimanche de l’Avent pour nous contenter de celle de la nuit de Noël. Ce serait vraiment dommage. Nous passerions, entre autre, à côté du magnifique récit évangélique que nous offrira la liturgie, à savoir celui de l’Annonciation. La note spirituelle ne sera-t-elle pas encore celle de la joie ? Allons-nous nous relâcher juste avant Noël où au contraire laisser notre amour du Sauveur nous embraser. Jésus qui vient dans la nuit de la Nativité est celui-là même qui se donne à nous en chaque eucharistie. Laissons-donc la joie nous emporter toujours plus avant ; et prions sans cesse. La messe est la plus belle et la plus puissante des prières.
Il le savait ce « drôle » de paroissien que le Seigneur vient de rappeler à Lui. Sans nul doute, c’était un original. Nos fidèles de la messe quotidienne de 9h15 le connaissaient bien. Il était quelque peu perturbateur. Il avait ses formules à lui qu’il prononçait à haute voix, en complet décalage avec l’assemblée. En cela il nous irritait. Je ne saurais oublier, pourtant, sa fidélité de longue date à ces messes quotidiennes. L’eucharistie, c’était le centre de ses journées ; la communion était vraiment son pain de vie. Je me souviens de ce jour où nous avons reçu un appel téléphonique de l’hôpital Saint Joseph où M. Jacquet (c’est son nom) avait été conduit d’urgence suite à un problème de santé. « Pourriez-vous envoyer un prêtre dès que possible, nous demanda l’infirmière ? Monsieur Jacquet ne veut rien manger tant qu’il n’aura pas reçu la communion. » Par-delà ses originalités, ce « drôle » de paroissien nous laisse donc un bel exemple. Je ne vous invite aucunement à vous démarquer de l’assemblée avec des formules et des rythmes personnels qui peuvent exaspérer vos voisins et nuire à l’unité de nos célébrations. Mais je vous encourage à regarder le Christ venant dans la nuit de Noël comme Celui qui se donne à chacun en nourriture à chaque célébration eucharistique. Toujours, il vient vers nous comme Seigneur, comme libérateur, comme Sauveur. Alors, reconnaissons-le ; il y a vraiment de quoi se réjouir. « Soyons toujours dans la joie ».
Père Gilles Morin, curé