Comme l’évoquait l’éditorial de la feuille paroissiale de la semaine dernière, avec l’entrée dans le temps de l’Avent et donc d’une nouvelle année liturgique, nous ouvrons aussi le temps d’une nouvelle formulation de la sixième demande de la prière du Notre Père. Jusqu’à présent nous disions « ne nous soumets pas à la tentation » ; désormais nous dirons « ne nous laisse pas entrer en tentation ». Le petit feuillet explicatif qui était et qui reste à votre disposition dans l’entrée de l’église vous fournit le pourquoi de ce changement. Tous, je l’espère, vous l’avez lu avec intérêt. Cette innovation est une bonne opportunité pour nous interroger sur l’attention que nous portons aux mots que nous prononçons.
Ces jours derniers, en plusieurs occasions, j’interrogeais les enfants du catéchisme :
- Quand vous dites « ne nous soumets pas à la tentation », que comprenez-vous ? Que demandez-vous vraiment à Dieu ?
Pour toute réponse, les silences et les contresens n’ont pas manqué. Si j’interrogeais les paroissiens adultes de notre paroisse, il n’est pas sûr que les réponses soient ajustées, dans la vérité et la compréhension véritable de cette supplication répétée durant tant d’années. « Quand vous priez, ne rabâchez pas comme des païens … » a pourtant averti Jésus juste avant de nous livrer cette prière du Notre Père. Puissions-nous prendre davantage la mesure de la richesse des mots qu’elle comporte.
Tout récemment, le pape François disait : « Il faut du courage, pour prier le Notre Père, il faut du courage… pour dire ‘papa’ et pour croire qu’il est le père qui m’accompagne, qui me pardonne, qui me donne le pain ». Oui, sans nul doute, si nous entrons intimement dans cette prière, il faut du courage pour formuler nos demandes en toute vérité.
« Ne nous laisse pas entrer en tentation ». Cette supplication est des plus appropriées au moment où, avec toute l’Eglise, nous ouvrons le temps de l’Avent. Les mots du prophète Isaïe sont d’une telle actualité et résonnent avec une force particulière : « Tous, nous étions desséchés comme des feuilles, et nos fautes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. » Et Isaïe de s’écrier : « Mais maintenant, Seigneur, c’est toi notre père ».
Oui, notre Dieu est Notre Père. Alors, Seigneur, nous te le demandons humblement :
- Ne nous laisse pas entrer dans la tentation de T’oublier.
- Ne nous laisse pas entrer dans la tentation de ne plus rien attendre, de nous résigner ou de désespérer. N’as-tu pas déchiré les cieux? N’es-tu pas descendu au milieu de nous ?
- Ne nous laisse pas entrer dans la tentation de somnoler, de végéter et de ronronner, de nous assoupir et de nous endormir. « Veillez », nous répètes-tu inlassablement.
- Ne nous laisse pas entrer dans la tentation de rabâcher platement et mécaniquement Ta prière, celle des enfants de Dieu, celle qui nous fait nous tourner vers Toi pour te dire : « Notre Père«
Ce dimanche est celui de notre pèlerinage paroissial. Il faut du courage pour braver le froid et se rendre jusqu’à Chartres. À l’approche de notre fête patronale du 8 décembre, tous, nous nous tournons vers la Vierge Marie qui, jamais, n’a succombé à la tentation, n’est entrée en tentation. Puissions-nous toujours lui tenir la main pour qu’avec elle et comme elle, priant avec ferveur la prière du Seigneur, nous sachions veiller afin d’accueillir pleinement et joyeusement le Sauveur. Pour cela, il nous faut du courage.
Père Gilles Morin, curé