Vous vous en souvenez : dimanche dernier était la Journée Mondiale des Missions. Lors de la messe de 10h00, alors que j’étais dans l’allée de l’église dans l’attente de ma prédication, mon attention a été frappée par des coureurs à pied allant bon train dans la rue Lecourbe. J’étais en aube. J’ai fait quelques pas pour me retrouver au niveau du portail ; je me suis même avancé sur le trottoir. J’ai vu des hommes et des femmes courir, comme en peloton, s’étalant sur plus d’une centaine de mètres. Leur visage était marqué, les traits tirés, leur maillot trempés. Ils étaient nombreux, si nombreux. Certains, au passage, m’observaient avec curiosité : un homme tout en blanc … qui peut-il être ? J’ai esquissé un mouvement du bras comme pour les inviter à entrer. Mais ils couraient, couraient. Je me prêtais alors à rêver. Ah ! si seulement, au niveau du 351, ils avaient tourné à gauche ; s’ils avaient pénétré dans notre enceinte ; s’ils étaient allés de cette foulée accélérée jusqu’à l’église pour y prier et célébrer le jour du Seigneur, notre église aurait été trop petite. Quelle grâce cela aurait été en cette Journée Mondiale des Missions ! Mais ils couraient et couraient encore, ignorant mon invitation. Renseignements pris, il s’agissait de la « Corrida » du 15ème arrondissement, épreuve sportive comportant 2 boucles de 5 km, qui devait s’achever devant la mairie.
Il est une autre course, autrement plus importante, à laquelle nous ne pouvons échapper et qui nécessite de notre part une volonté forte, un amour ardent et un dépassement de soi-même. Nous en connaissons le but. À l’approche de la solennité de la Toussaint, il s’agit pour nous de ne jamais l’oublier. Nous sommes attendus au paradis … « Le paradis, vient de rappeler le pape François, n’est pas un lieu de conte de fée, et encore moins un jardin enchanté. Le paradis est l’étreinte avec Dieu, Amour infini, et nous y entrons grâce à Jésus, qui est mort sur la croix pour nous. » La course peut nous sembler longue et parsemée d’obstacles. Sans nul doute, il faut du souffle, le souffle de l’Esprit-Saint ; il faut un bon battement de cœur, celui qui est au diapason du cœur du Christ ; il faut de l’amour, beaucoup d’amour. Qu’y a-t-il donc de plus important sur nos routes humaines ? Qu’est-ce qui a valeur d’éternité ? l’Amour, toujours l’Amour. Jésus nous le rappelle très clairement dans sa réponse qui résonne dans l’Evangile de ce dimanche : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Tous, qui que nous soyons, nous cheminons sur nos routes humaines. Nous pouvons nous y traîner mollement, égoïstement et lamentablement, comme nous pouvons nous y élancer courageusement, généreusement, solidairement, joyeusement et humblement. Quels que soient notre pas, notre cadence, notre allure, nous savons que nous passerons inéluctablement par l’étape de la mort pour accéder à la vie … et ce qui restera avant tout de nos vies, c’est l’Amour. Oui, pour atteindre le but, il faut absolument Aimer.
Père Gilles Morin, curé