C’était le week-end dernier. J’étais dans l’allée qui conduit à l’église. Il neigeait, abondamment. J’accueillais les paroissiens qui avaient bravé courageusement l’intempérie. « Attention où vous mettez les pieds ; assurez bien vos pas », lançais-je comme une consigne de prudence. Je me plaisais à ajouter : « Bravo ; il faut vraiment vouloir venir à la messe … dans de telles conditions ». Une dame âgée, emmitouflée, que je n’ai pu identifier, me répliqua : « Je n’en ai jamais manqué une de ma vie ; ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer ».
C’était il y a deux mille ans. Un homme et une femme parvinrent, au terme d’un long voyage, à une ville appelée Bethléem. Ils avaient bravé, eux aussi, les intempéries et les difficultés de la route. La femme, pourtant, était enceinte. Ne devrais-je pas leur lancer à eux aussi : « Bravo, Marie et Joseph ; il fallait vraiment vouloir venir à Bethléem pour accomplir les Ecritures ». Et eux me répondraient : « Nous ne nous sommes jamais écarté de la volonté de Dieu ; ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer ». C’était une famille et quelle famille ! La Sainte Famille.
C’était de toute éternité. Dieu projetait de créer et de racheter l’humanité. « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme ». Il fallait le vouloir : descendre au milieu des hommes, se faire petit enfant, fragile. Oui, il fallait vraiment le vouloir : naître dans la pauvreté, dans la nuit froide de Bethléem, être déposé emmailloté dans une mangeoire comme pain de vie pour notre salut. Il fallait le vouloir … et Dieu dans son dessein mystérieux l’a voulu. Ô nuit de Noël ! Quelle splendeur ! Quelle lumière ! Quelle douceur ! Quelle paix !
A l’approche de la solennité de la Nativité, nous nous sommes plu à chanter à pleine voix : « Venez divin Messie nous rendre espoir et nous sauver… ». Comment ne viendrait-il pas ? « Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, affirmera plus tard Jésus, il vous l’accordera ». Nous avons demandé Dieu lui-même. En Jésus, il vient donc en personne. Rien ne peut l’empêcher de venir jusqu’à l’homme. Et ce n’est pas aujourd’hui que cela va commencer.
D’années en années, nous sommes touchés par le « miracle » de Noël. Nous sommes là, près de la crèche, à contempler l’Enfant-Dieu, à admirer Marie et Joseph, à savourer la paix qui émane de la Sainte Famille, modèle de toutes les familles. Il en est de même en cette nuit de Noël 2010, en ce saint jour de la Nativité, en cette belle fête de la Sainte Famille. Nous n’avons jamais manqué à ce grand rendez-vous, n’est-ce pas ? … et quelles que soient les intempéries, ce n’est pas cette année que cela va commencer. Ce mystère de la Nativité est tellement beau. Il nous irradie d’une douce lumière ; il nous comble de paix et de joie.
Père Gilles Morin
curé