Le 15 octobre 1849, l’installation du premier tabernacle dans notre Congrégation naissante avait lieu à Grenelle. Cet événement était tellement attendu et désiré. Quelques semaines auparavant, apprenant la permission accordée par l’archevêché de Paris, Jean-Léon Le Prevost écrivait en date du 4 septembre : « Que nous faut-il de plus et que nous restera-t-il à désirer désormais ? Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique, et nous aussi, Il a tant aimé notre faiblesse et notre misère qu’il va descendre parmi nous, dans notre pauvre maison, pour demeurer avec nous sous le même toit, présider nos petits exercices, nous conseiller, nous diriger en toutes choses, travailler, prier, aimer avec nous et en nous ; c’est sur la terre la félicité suprême ; c’est le pain des anges donné, non plus à chacun de nous en particulier, mais à la petite Communauté entière que le bon Maître adopte et se consacre ainsi définitivement. Oh ! encore une fois, que nous reste-t-il à souhaiter en ce monde ? Rien, sinon de répondre à tant de miséricorde et d’amour ». Et Jean-Léon Le Prevost d’ajouter : « Mon Dieu, vos enfants se presseront autour de vous pour vous entendre et pour vous contempler »
Si nous réfléchissons à l’invitation qui nous est lancée en chaque célébration eucharistique, nous nous exclamerons nous aussi : « Que nous faut-il de plus ? Que nous reste-t-il à désirer ? » Nous entendons le prêtre nous dire « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau ». Il s’agit bien d’un festin. Le repas a une note dramatique, certes ; c’est un sacrifice, sans nul doute … celui du Fils du Roi qui nous dit l’infini de son amour. La table est dressée : nous y attend une nourriture qui rassasie et une boisson qui étanche toute soif. Pour certains, aujourd’hui encore, d’autres priorités s’imposent : le travail, le footing, les soirées éclatantes et enivrantes, ou tout simplement le confort d’une grasse matinée au lit. « Mon Dieu, vos enfants se presseront autour de vous » écrivait Monsieur Le Prevost. Le mystère est si grand que nous devrions effectivement nous précipiter (et donc être bien à l’heure) pour adorer et communier. En nos mains, en nos corps, nous recevons et portons le Sauveur du monde, réellement présent en chaque hostie consacrée. C’est tellement plus que « des viandes grasses et des vins capiteux ». Nous devrions nous émerveiller et nous écrier avec le vieillard Siméon : « Maintenant, Ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples ». (Lc 2, 29-31). Encore une fois, que nous reste-t-il à désirer ?
Compte tenu de l’importance du mystère eucharistique, il est fort utile de revenir au Catéchisme de l’Eglise Catholique qui nous rappelle l’obligation de répondre à l’invitation du Seigneur.
2180 Le commandement de l’Église détermine et précise la loi du Seigneur : » Le dimanche et les autres jours de fête de précepte, les fidèles sont tenus par l’obligation de participer à la Messe «
2181 L’Eucharistie du dimanche fonde et sanctionne toute la pratique chrétienne. C’est pourquoi les fidèles sont obligés de participer à l’Eucharistie les jours de précepte, à moins d’en être excusés pour une raison sérieuse (par exemple la maladie, le soin des nourrissons) ou dispensés par leur pasteur propre. Ceux qui délibérément manquent à cette obligation commettent un péché grave.
Surtout, ne manquons jamais de répondre à l’invitation du Seigneur. Surtout pressons nous autour de Lui, et nourrissons-nous de Lui. Nous ne pouvons vivre sans Lui.
Père Gilles Morin, curé