Rassurez-vous, le titre de cet éditorial n’exprime nullement mon ralliement à la théorie du « gender ». Il vise simplement à mettre en relief un aspect de la vocation de Frère dans notre congrégation des religieux de saint Vincent-de-Paul. La gratitude que nous voulons exprimer au Frère Bruno Cautain à l’occasion de son changement de communauté m’en fournit une bonne opportunité.
Ecrivant aux Romains, l’apôtre Paul affirme : « Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c’est à sa mort que nous avons été unis par le baptême. Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous vivions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ … ». Le Frère Bruno s’en souvient certainement : au jour de sa profession perpétuelle, il s’est prostré pour exprimer sa mort à lui-même, afin de ne plus vivre que de la vie du Christ. Préférant Dieu à son père, sa mère, ses frères et sœurs etc … prenant sa croix pour suivre le Christ sans condition ni restriction, il a affirmé joyeusement : « Désormais, ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ». Depuis bientôt 30 ans, sa vie ne lui appartient donc plus ; elle est au Christ, donnée particulièrement aux petits et aux pauvres.
Nous tous, baptisés, nous avons à mener une vie nouvelle. Nous sommes tous appelés à la sainteté. Il n’en demeure pas moins que notre monde a grand besoin de « personnes qui représentent le visage paternel de Dieu et le visage maternel de l’Eglise, qui mettent en jeu leur propre vie pour que d’autres aient la vie et l’espérance. » (Jean-Paul II)
La règle de notre institut religieux, après avoir précisé que « les Frères laïques sont l’instrument providentiel dont Dieu s’est servi pour faire naître notre Congrégation« , souligne que les Frères « rappellent à tous qu’il vaut la peine de « tout perdre pour gagner le Christ« . Nos Constitutions comportent aussi ces belles lignes qui vous permettent de nous identifier davantage comme Religieux de saint Vincent-de-Paul : « Chez nous, les Frères, ministres de la charité, et les prêtres, ministres ordonnés, dans la plus cordiale coopération se prêtent à l’envi un appui réciproque, les uns préparant et soutenant les œuvres, les autres y donnant la force spirituelle et la consommation ».
Se prêter « à l’envi un appui réciproque« , c’est ce dont j’ai fait l’expérience tangible avec le Frère Bruno durant cinq ans au patronage. Le Frère, c’est vraiment un papa-maman. C’est un papa qui est aux premières lignes dès qu’il faut intervenir avec autorité pour éduquer, reprendre, organiser, corriger etc … C’est aussi une maman sous l’angle d’une présence continue aux petites choses de tous les jours, … toujours là, du matin au soir, pour veiller avec attention à ce que tout soit bien en place et que chacun ait ce qu’il lui faut. Le Père, lui aussi, est une maman-papa. C’est un cœur de maman, plein de tendresse et de bonté, toujours à même de déverser les flots de l’amour et du pardon de Dieu … un cœur à qui l’on peut se confier et contre lequel on peut toujours se blottir. C’est, bien sûr, un cœur de papa, qui reflète la paternité de Dieu, où l’on trouve la sûreté et la force de la Vérité, la parole qui éclaire et qui libère … un cœur qui doit donner corps à ces mots que nous connaissons et que nous prononçons si souvent : « Notre Père, qui es au cieux ».
Le saint pape Jean-Paul II donnait en exemple les Religieux. Il soulignait que « les personnes qui, aujourd’hui encore, suivent le Christ dans la voie des conseils évangéliques veulent aller là où Jésus est allé et faire ce qu’il a fait.» Le Frère Bruno s’en va donc là où Jésus l’appelle pour servir et aimer les petits et les pauvres, comme Jésus l’a fait. Nombreux sommes-nous à nous apprêter à partir durant cette période estivale. Puissions-nous, là où nous serons, donner priorité absolue à Jésus et nous efforcer de faire ce qu’il a fait.
Père Gilles Morin, curé