Voilà une rentrée pastorale bien déconcertante. Notre archevêque nous centre sur le thème de « la famille et la jeunesse : une espérance ». La semaine dernière, l’événement de la Profession Perpétuelle de quatre Sœurs à la maison Sainte Germaine semblait pourtant, mais bien à tort, nous en détourner. Que dire alors de l’Evangile de ce dimanche. Spontanément, nous serions portés à nous écrier : « Quelle famille ! quelle jeunesse ! « . « Un Père avait deux fils », nous dit la parabole… Un Père qui ne sait pas commander ni affirmer son autorité ; deux fils qui, chacun à sa manière, en viennent à se rebeller ; aucune mention d’une épouse et mère qui serait ferment d’unité.
Nous sentons bien où est la pointe de cette parabole. Notre Père du Ciel nous prodigue ses commandements comme chemin de bonheur et de vie. Ceux-ci ne sauraient se réduire à un carcan imposé et subi. On peut les ignorer et les piétiner ; pour notre propre bonheur, on se doit d’y adhérer pour aimer en tout liberté. L’Eglise, notre Mère, est bien présente en filigrane dans cette parabole ; elle est notre maison de la terre qui préfigure notre demeure éternelle dans le Ciel. Encore faut-il savoir qu’il existe un Dieu qui est Père, une Eglise qui est Mère et un Ciel qui est bonheur éternel. N’est-ce pas une immense espérance que de pouvoir prononcer du fond du cœur ces simples mots « Notre Père, qui es au cieux … » ? N’est-ce pas encore un débordement de joie que de pouvoir s’écrier à temps et à contretemps « L’Eglise, ma Mère » ? N’est-ce pas enfin un trésor que de savoir que nous sommes frères … frères de Jésus-Christ, sauvés par Jésus-Christ, appelés à vivre de la vie même de Jésus-Christ ?
Nous le savons : les doléances sur les jeunes d’aujourd’hui vont bon train. Qu’on le veuille ou non, ils sont pourtant notre monde de demain. Ils ne seront notre espérance que s’ils sont eux-mêmes pleins d’espérance ; ils ne seront rayonnants d’espérance que s’ils savent qu’ils ont un Dieu-Père, une Eglise-Mère, des frères vraiment frères, et un Ciel éternel. Qui leur dira ? qui leur criera ? et mieux encore, qui leur montrera ?
Cette Journée diocésaine pour la jeunesse ravive notre souffrance de savoir que tant d’enfants grandissent sans aller au catéchisme. Pouvons-nous nous résigner et en prendre acte telle une fatalité ? Avons-nous le droit de larmoyer ou même prier (il le faut, bien sûr et plus que tout) sans nous mobiliser, sans appeler, sans témoigner ? Nous voulons une jeunesse qui soit notre espérance : alors donnons-lui des raisons d’espérer … et le trésor de notre foi n’en est-il pas la plus belle ?
Père Gilles Morin
Curé