« Qu’en ce jour, des troupes de fidèles s’assemblent dans les églises en grand nombre et avec une ferveur extraordinaire … Que tous chantent des hymnes et des airs sacrés, non seulement en esprit et du fond de leur cœur mais aussi de bouche et de leurs lèvres. Que la foi s’épanche en bénédictions ! Que l’espérance bondisse de joie ! Que l’amour tressaille d’allégresse ! ». Ainsi s’exprimait le Pape Urbain IV en instituant la Fête-Dieu. C’était en 1264.
Nous voici en 2018, toujours enraciné dans la promesse de Jésus que nous avons entendue dimanche dernier : «Et moi, Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Comment ? Simplement en esprit ? Uniquement par sa Parole ? En vérité, il s’agit de bien plus que cela : Sa présence n’est ni distante, ni désincarnée ; elle est on ne peut plus réelle ; elle est corporelle. Nos chants résonnent donc dans notre église et dans les rues de notre quartier : « Le voici le Corps très saint, le Corps livré, le Corps du Christ. Le voici le Sang précieux, le Sang versé, le Sang de Jésus. Adorons, louons, acclamons« .
Sans ce Corps et ce Sang, comment pourrions-nous être des vivants ? Si le monde tient, dit un spirituel de notre temps, c’est qu’il y a toujours entre la terre et le ciel, une Hostie qui se lève en même temps que le soleil.
Sommes-nous vraiment des vivants ? Pour répondre loyalement à cette question, interrogeons-nous sur la place concrète que nous accordons à l’eucharistie dans notre quotidien ? Faisons-nous vraiment corps avec elle ? Regardons avec admiration les enfants qui font leur première communion. Leur faim et leur joie débordante ne sont-elles pas pour nous une leçon et une invitation à recentrer notre vie sur Jésus-Hostie ?
Aujourd’hui, nous allons porter solennellement le Corps du Christ jusqu’à la maison Sainte Germaine. Oui, aujourd’hui. Mais pourquoi ne pas le porter aussi au jour le jour à nos frères ? Comment, me direz-vous ? Si le Corps de Jésus nous fascine, si nous l’adorons, si nous nous en nourrissons, nous serons davantage des icônes vivantes du Christ. Nos cœurs et nos corps, nos forces et nos vies seront toujours plus livrés à nos frères. Telles des “hosties vivantes, saintes, agréables à Dieu“, nous serons autant de petits soleils pour ceux qui nous entourent ; des soleils faits de sourire, de bonté et d’amour.
Père Gilles Morin, Curé