Avec tous nos concitoyens, nous avons été sous le choc de l’attentat du 23 mars, perpétré à Trèbes le 23 mars, un vendredi de Carême, vendredi de la Passion. Nous savons l’héroïsme du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame. Se substituant à un otage, hôtesse dans un Super U, il l’a payé de sa vie. Pour la sauver, il s’est exposé et a finalement été exécuté. Son acte de bravoure a déclenché, à juste titre, une émotion nationale. Des milliers de personnes, dont des centaines de lycéens et collégiens, sont venus saluer le passage de sa dépouille dans les rues de Paris. Notre président de la république lui a rendu un hommage solennel aux Invalides. Il l’a cité à l’ordre de la nation, soulignant son « courage exemplaire » et sa « totale abnégation ». La sonnerie aux morts a alors résonné dans la cour d’honneur, avant une minute de silence, et un refrain de La Marseillaise, marquant ainsi la fin de la cérémonie. Les obsèques d’Arnaud Beltrame ont été célébrées le Jeudi Saint dans l’intimité familiale en la cathédrale de Carcassonne. Tout cela, vous le savez aussi bien, voire mieux que moi.
Avec les chrétiens du monde entier, nous étions le Vendredi Saint sous le choc de l’atrocité et du drame de la Passion … oui, un drame : celui où s’est joué le salut de toute l’humanité. Jésus de Nazareth, librement, a livré sa vie pour que nous ayons la vie. Dans toutes les églises de notre planète terre, le silence prédominait. Non point des milliers mais des millions de personnes, émues jusqu’aux larmes, se sont souvenues ; elles ont fait mémoire. Il n’était pas question de Marseillaise. Il n’y avait pas d’appel lancé, tel que : « Aux armes, citoyens ! » mais bien plutôt un silence empreint de miséricorde et une invitation pressante au pardon. Quelle magnifique leçon de paix !
Pourquoi notre Président, pourquoi tant de nos concitoyens ne rendent-ils pas un hommage solennel et national à Jésus de Nazareth ? N’a-t-il pas fait preuve d’un « courage exemplaire » et d’une « totale abnégation » ? Pourtant, « le jour de gloire est arrivé », celui de la victoire du Christ sur le mal, le péché et la mort. Voilà un peu plus de deux mille ans, la haine a été vaincue par l’amour. Pourquoi s’escrimer à en perdre mémoire ? « Contre nous de la tyrannie », celle de Satan, « l’étendard sanglant est levé », celui du bois de la Croix. Comment est-il possible de l’oublier ?
Aujourd’hui, partout dans le monde, la nouvelle retentit. Ce n’est pas une sonnerie aux morts mais une acclamation chantant le triomphe de l’amour, de la vie et de la joie : « Alléluia ! » c’est-à-dire « Louez Dieu ». En de nombreux pays, hommes et femmes, enfants et vieillards, de toutes conditions et de toutes nations, se saluent en affirmant :
- Christ est ressuscité, alléluia !
- Il est vraiment ressuscité, alléluia !
L’hommage national au Christ vainqueur s’estompe en notre pays. Mais, n’en doutons pas, en cette solennité de Pâques, l’hommage qui Lui est rendu est vraiment mondial. Et il le mérite.
SAINTE ET JOYEUSE FÊTE DE PÂQUES !
Père Gilles Morin, curé