La prédication de ce lundi de Carême me fournira l’occasion de vous parler une fois de plus de ce grand mystère de l’Eucharistie, mystère central de la vie de l’Eglise et de toute vie chrétienne. En ce sacrement, Jésus, Fils éternel du Père, Verbe fait chair, s’est donné à nous pour toujours. Il nous faut vraiment demander à l’Esprit Saint d’ouvrir nos cœurs et de les dilater pour accueillir le salut qui nous vient en Jésus-Christ, unique Sauveur. Là est notre vie, là est notre joie. Il importe de laisser résonner au plus intime de nous-même ces mots qui, seuls, viennent rompre le silence de notre assemblée au moment de la Consécration : « Ceci est mon corps, livré pour vous ; ceci est mon sang versé pour vous ». Quelle proclamation d’amour jusqu’au bout !
Tout en accompagnant Nicolas Tchoué – notre catéchumène – dans son cheminement vers le sacrement de sa régénération et de son illumination, nous nous préparons nous-mêmes à renouveler solennellement dans la nuit de Pâques les promesses de notre baptême. « Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, chanterons-nous, vous avez revêtu le Christ … vous êtes devenus le Christ ». Notre vie doit donc être – comme celle de Jésus – donnée, livrée, offerte, sacrifiée. C’est la logique et la dynamique de l’amour jusqu’au bout. « La Charité ne reste pas en chemin », disait le Père Jean-Léon le Prevost, fondateur de notre Congrégation.
Il y a quelques jours, le T.R.P. Bertin Sanon, notre Supérieur général, m’a fait l’annonce de ma nomination comme Supérieur provincial de France des Religieux de Saint Vincent-de-Paul, à partir du 3 mai prochain. Voilà donc une mission nouvelle qui m’est confiée et qui, comme vous le devinez, est lourde de responsabilités. Avec Jésus, je veux dire : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hb 10,7). J’ai conscience que mon sacrifice n’est pas à sens unique. Oui, j’ai conscience que ma réponse appelle votre réponse, que mon sacrifice vous met sur la voie du sacrifice, que le don de moi-même est invitation à vous donner vous-même. S’il me faut m’éloigner de mes brebis et de mes enfants, il vous faut voir partir votre pasteur et votre Père. Quel sacrifice pour nous tous ! Mais s’abandonner avec confiance à la volonté de Dieu est toujours source de fécondité et chemin de sanctification.
Bien évidemment, je resterai parmi vous jusqu’au terme de cette année pastorale, donc jusqu’à la fin du mois de juin. D’ici là, j’aurai encore bien des choses à vous dire, bien des « merci », bien des « pardon ». Nous aurons aussi de magnifiques événements paroissiaux à vivre. Pour l’heure, marchons vers Pâques avec ferveur et en esprit de foi. Nous sommes tous là, ô Dieu, pour faire ta volonté.
Père Gilles Morin, curé