Mercredi soir, notre communauté religieuse était de sortie. Pères et Frère, nous nous sommes rendus en métro à la Cathédrale Notre-Dame de Paris pour admirer le spectacle « son et lumière intitulé « Dame de Cœur ». Quelle merveille ! Sur la façade de la cathédrale se dessinaient paysages, figures et lumières de toute beauté. Cet édifice prenait vie et retraçait des siècles d’histoire. Les statues s’animaient, les couleurs étincelaient et la Dame nous parlait. La Dame, c’est bien sûr Notre Dame, la Vierge Marie. Elle était le cœur et l’âme de cette scénographie.
Les paroles de la première lecture de ce dimanche résonnent avec une intensité particulière dans la foulée de ce spectacle. La Vierge Marie n’est-elle pas la Vierge sage par excellence ? N’est-elle pas honorée sous le beau vocable de « trône de la sagesse » ? Or, parlant justement de la sagesse, l’auteur affirme : « Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent ». Mercredi soir, en ce magnifique « son et lumière », nous l’avons contemplée, nous l’avons trouvée. De retour à Notre-Dame de Nazareth, je me suis retiré quelques instants à l’oratoire pour rendre grâce à Dieu. C’est alors qu’une autre image m’est revenue à l’esprit. Sur le quai de métro, ce même soir, à la station « La Motte-Piquet Grenelle », nous sommes passés rapidement devant un homme, emmitouflé dans un duvet, qui dormait à même le sol. Nous étions pressés ; je ne me suis pas arrêté ; je l’ai à peine regardé. D’ailleurs, dormait-il vraiment ? L’auteur du livre de la Sagesse nous dit pourtant aussi : « Celui qui la cherche ne se fatiguera pas ; il la trouvera assise à sa porte ». Oui, elle était à mes pieds la sagesse de la charité. Elle était là, attractive, appelante, suppliante. Oh ! pour le regard humain, elle était moins resplendissante que la façade illuminée de notre Cathédrale, mais aux yeux de la foi, elle était bien présente dans l’âme de ce pauvre que le Christ a donné comme fils à sa Mère, au pied de la Croix.
Mercredi soir, j’ai donc su admirer cette scénographie de « la Dame de Cœur » mais je suis passé à côté de ce pauvre, sacré aux yeux de Dieu, dont le cœur appartient à Marie. Par mon indifférence, j’ai blessé le cœur de la Dame … le cœur de ma Dame, Mère entre toutes les mères.
Dimanche prochain, avec toute l’Eglise, nous soulignerons la Journée Mondiale pour les Pauvres. Le pape François nous dit très clairement : « Je souhaite que les communautés chrétiennes, au cours de la semaine qui précède la Journée Mondiale des Pauvres, œuvrent pour créer de nombreux moments de rencontre et d’amitié, de solidarité et d’aide concrète. » Alors, plus spécialement cette semaine, ne faites pas comme moi ; ayez un peu plus d’attention que moi. Arrêtez-vous près du pauvre ; dites au moins quelques mots aux plus démunis. Regardez-les ; aidez-les. Ils sont si nombreux. Que nos cœurs soient toujours remplis de l’huile de la charité. Sinon, n’en doutons pas, nous ferons vraiment de la peine au cœur de Notre Dame. Elle, elle a un si bon cœur.
Père Gilles Morin, curé