Vous connaissez sans doute ces lignes de Charles Peguy : « Rien n’est beau comme un enfant qui s’endort en faisant sa prière, dit Dieu…/… Or je le dis, dit Dieu, je ne connais rien d’aussi beau dans tout le monde qu’un petit enfant qui s’endort en faisant sa prière sous l’aile de son ange gardien et qui rit aux anges en commençant de s’endormir. »
Cela me secoue toujours de me dire qu’il y a tant d’enfants qui s’endorment sans dire leur prière. Certains ne connaissent pas même le nom de Dieu … pire encore, vont jusqu’à nier l’existence de Dieu. Oui, il y en a ; comment est-ce possible ? J’ai parfois des petits au patro qui m’affirment naïvement : « Je suis athée ». Leur cœur n’a pas été ensemencé par la Parole de Dieu, leurs jeunes années se sont passées sans Dieu, voire dans la négation de Dieu. On a, en quelque sorte, tué leur âme d’enfant. Or, comme le disait si bien Chesterton – ce grand écrivain anglais du début du XXe siècle : « Quand on ne croit plus en Dieu, ce n’est pas pour ne croire en rien, c’est pour croire en n’importe quoi ». C’est le cas de ces petits, capables d’idolâtrer des stars du football ou du spectacle mais restant apparemment imperméables à l’amour de Jésus Sauveur.
Comme à l’époque du prophète Jérémie, certains aimeraient que les témoins d’aujourd’hui s’abstiennent de faire résonner à temps et à contretemps la voix de Dieu. Les pièges qu’on leur tend ne manquent pas. Et l’on sombre dans une société qui, voulant se passer de Dieu, voit ressurgir de multiples superstitions et de nouvelles formes d’idolâtrie.
Un prêtre, le Père Leonoardo Castellani, avec une tonalité quelque peu sarcastique, a composé ce Credo de l’incroyant : « Je crois au néant, producteur de tout, d’où sortirent le ciel et la terre, et en l’Homo sapiens, unique roi et seigneur, qui fut conçu par l’évolution de la guenon et du singe, est né de la sainte matière, a lutté sous les ténèbres du Moyen Age, est passé entre les feux de l’inquisition, est tombé dans la misère, a inventé la science, est parvenu à l’ère de la démocratie et de l’intelligence et, depuis lors, s’est mis à instaurer dans le monde le Paradis terrestre. Je crois au libre penseur, à la Civilisation de la machine, à la fraternité humaine, à l’inexistence du péché, au progrès inévitable et à la vie confortable. Amen ! »
Sans l’ombre d’une hésitation, je préfère le Credo du croyant, celui que les jeunes qui font en ce dimanche leur profession de foi vont proclamer solennellement devant nous et auquel nous nous unirons avec ferveur. Il est si beau de dire « Je crois », non pas en n’importe qui ou n’importe quoi mais en ce Dieu d’Amour, Père, Fils et Saint Esprit, qui vit et règne pour les siècles des siècles.
Je tremble de savoir que tant d’enfants s’endorment sans faire leur prière. Je me réjouis de savoir que ces jeunes et tant d’autres enfants s’endorment en ayant fait leur prière … avec parfois quelques oublis, certes, mais avec leur beau cœur plein de candeur et de fraîcheur. Et la fraîcheur, nous en avons bien besoin, n’est-ce pas ?
Père Gilles Morin, curé