« Tout est accompli ». Ces derniers mots de Jésus sur la croix pourraient laisser penser que tout est bel et bien fini. Certes, pour ses intimes, le choc est rude ; la désillusion semble totale. Et pourtant, que de rebondissements au matin de la résurrection. Marie-Madeleine, court trouver “ Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait “. Les voilà, à leur tour, qui se mettent à courir jusqu’au tombeau. Quel souffle ! Que se passe-t-il donc, qui soit à même de susciter une telle agitation ?
Inouï : le tombeau est vide. Que voit Jean ? Non point Jésus, mais « le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête … roulé à part à sa place ». L’excitation fait place à une adhésion dans la foi. Il voit et il croit. Mais alors, tout n’est pas fini. “Tout commence“. Le Christ est vraiment ressuscité comme il l’avait annoncé. La mort est vaincue par la vie.
Aujourd’hui encore, des pèlerins en nombre se succèdent à l’Anastasis, en ce lieu où le Fils de l’Homme a été enseveli, en ce sépulcre béni. Ces derniers mois, des travaux d’importance ont été effectués en ce lieu sacré. L’édicule surmontant le tombeau du Christ menaçait de s’effondrer. Il a été rénové. Des privilégiés, – ouvriers, scientifiques et personnalités religieuses – ont ainsi pu voir le tombeau ouvert. Ils en restent bouleversés et incapables d’exprimer avec nos pauvres mots humains ce qu’ils ont ressenti. Certains spécialistes l’attestent : leurs instruments des plus modernes se sont arrêtés de fonctionner tandis que plusieurs ordinateurs ne sont plus parvenus à interpréter les données. Plusieurs ont pu toucher le rocher originel du tombeau neuf où l’on avait déposé le corps de Jésus. Une certitude pour tous : le tombeau était bel et bien vide. Tous ont vu et ils ont cru.
Pour ma part, étant encore tout jeune prêtre, j’ai eu ce privilège de pénétrer au Saint-Sépulcre et de célébrer la messe sur le tombeau même du Christ. Il était 6 heures du matin. Tout était silencieux. Comment oublier ce moment où, en ce lieu de résurrection, je rendais à nouveau présent Celui qui avait livré sa vie par amour pour nous ? Le tombeau était, certes, vide ; pourtant le Christ y était présent. Le corps de Jésus n’était plus là mais, par l’eucharistie, il était bel et bien là. Quel prodige et quelle source de vie !
Certains parmi vous ont, eux-aussi, eu l’occasion d’effectuer un pèlerinage en Terre Sainte et de pouvoir pénétrer dans le tombeau du Christ. Ils en restent à jamais marqués. Comment pourraient-ils oublier ? Certes, ils n’ont pas vu les linges posés à plat, ni le suaire qui avait entouré la tête de Jésus. Mais ils sont entrés. Ils ont vu et ils ont cru.
Nombreux êtes-vous à n’avoir jamais eu les moyens ni l’opportunité de vous rendre à Jérusalem. Vos yeux n’ont jamais vu ce tombeau vide. Pourtant, en chaque eucharistie, ils voient un peu de pain et un peu de vin qui deviennent réellement le Corps et le Sang du Seigneur. Cette présence ô combien réelle est celle du Christ ressuscité. Notre foi nous l’atteste. Nous voyons et nous croyons.
En ce jour de Pâques, Jésus, ne peut que nous répéter : « Ouvre tes yeux ; ouvre ton cœur. Vois ; crois. Ne cherche pas parmi les morts Celui qui est vivant. » Nous croyons : c’est une telle grâce. Oui, nous le croyons : Le Christ est ressuscité, Alléluia ! Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! Bienheureux sommes-nous ! À chacun de vous, sainte et joyeuse fête de Pâques.
SAINTE ET JOYEUSE FÊTE DE PÂQUES
Père Gilles Morin, Curé