C’était au catéchisme avec les enfants de CM2 à l’approche de Noël 2015. J’avais pris le temps, la semaine précédente, de relater de mon petit mieux le récit de la Nativité pour susciter en eux l’émerveillement et les inviter à préparer leur cœur pour l’Avènement. En cette dernière séance précédant la dispersion liée aux vacances, il me fallait revenir sur le sens de cette sainte nuit, de ce si beau jour.
Tel un bon pédagogue, je répète donc la leçon précédente pour raviver les mémoires. J’enchaine quelques questions ; les réponses fusent. Quelle satisfaction ! Ils n’ont pas oublié. Je suis sur le point de conclure en enchaînant une dernière série d’interrogations :
- Quel était le village où vivaient Marie et Joseph ?
- Nazareth, répondent-ils à plusieurs.
- Où est né Jésus ?
- À Bethléem, affirment comme d’une seule voix les enfants.
Quelle joie et quelle fierté pour les catéchistes et moi-même de les voir aussi savants ! Je pose alors une question un peu plus difficile se référant à la leçon de la semaine précédente :
- Alors, comment se fait-il que Marie et Joseph qui vivaient à Nazareth aient parcouru 145 Km pour se rendre à Bethléem puisque Jésus étaient sur le point de naître ? On ne fait pas voyager ainsi une femme qui est prête à accoucher.
Un doigt se lève. La réponse jaillit :
- Parce que c’était là qu’il y avait le meilleur hôpital.
À l’écoute d’une telle réponse, envolée la fierté des catéchistes et du Père, déconvenue vertigineuse face à une telle ignorance religieuse, mais aussi – je l’avoue – réaction spontanée hilarante.
Le meilleur hôpital, quel est-il en réalité ? Le lieu de l’accouchement, comment se présente-t-il à l’arrivée ? Le berceau, quelle apparence a-t-il pour le nouveau-né ? Nous connaissons les réponses : un endroit pauvre, à l’écart et une simple mangeoire.
Cet hôpital est le nôtre, ne l’oublions jamais. Comme Joseph a conduit Marie au lieu béni de la Nativité, il est avec nous sur la route pour nous mener jusqu’à la crèche. C’est là que nous trouvons la guérison et le salut ; c’est là que nous rencontrons le médecin par excellence, le Christ, unique Sauveur ; c’est là encore que nous pouvons recevoir le médicament « miracle » dont il nous est dit que celui qui en mange ne mourra jamais : L’Eucharistie. En chaque messe, nous sommes bien, en effet, à l’hôpital, avec Marie et Joseph … nous sommes tout à la fois à Bethléem et à Jérusalem ; nous voyons Jésus, nous recevons Jésus, l’Emmanuel, le Dieu Sauveur.
Père Gilles Morin, curé