Une fois de plus, nous assistons au choc entre la loi civile et la loi morale, entre la loi des hommes et la loi de Dieu. Avec l’apôtre Pierre, nous répétons : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Ac 5,29)
Jusqu’à présent, la loi française disait en substance : « Il est permis de tuer un enfant à naître. » Dorénavant, il devient interdit de dire à une femme en détresse tentée d’avorter : « Il n’est pas sans conséquence de supprimer la vie innocente que tu portes en ton sein. Quelle que soit l’ampleur de tes difficultés et de tes angoisses, quelle que soit la situation dramatique dans laquelle tu te trouves, la mort de ton enfant ne saurait être une issue anodine, apaisante, épanouissante. Il existe un véritable traumatisme post-abortif. Choisis donc la vie ».
Dans sa récente lettre apostolique concluant l’année jubilaire de la Miséricorde, le Pape François vient de réaffirmer avec netteté : « Je voudrais redire de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie innocente ».
Notre société, nous le savons, est frappée de plein fouet par la violence ; notre monde est ravagé par des massacres que l’on ne comptabilise même plus (pensons particulièrement à ceux perpétués au Moyen-Orient). Avons-nous donc besoin de nous enfoncer toujours plus avant dans une spirale législative mortifère ? N’est-il pas, au contraire, urgent de chanter la beauté du respect de la vie ?
Rappelons-nous ces mots de Sainte Mère Teresa prononcés à Oslo le 10 décembre 1979 lors de sa réception du prix Nobel de la paix : « Le plus grand destructeur de la paix, aujourd’hui, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître. Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu’est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ?… Aujourd’hui on tue des millions d’enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l’admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l’avortement. Ces nations sont les plus pauvres. Elles ont peur des petits, elles ont peur de l’enfant à naître et cet enfant doit mourir ; parce qu’elles ne veulent pas nourrir un enfant de plus, élever un enfant de plus, l’enfant doit mourir…/…C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance de naître…/… prions tous d’avoir le courage de défendre l’enfant à naître et de donner à l’enfant la possibilité d’aimer et d’être aimé. Et je pense qu’ainsi —avec la grâce de Dieu — nous pourrons apporter la paix dans le monde. Nous en avons la possibilité. »
En ce discours, Sainte Mère Teresa fait écho à la Bible elle-même qui lance cet appel : « Délivre ceux qu’on envoie à la mort, ceux qu’on traîne au supplice, puisses-tu les sauver ! » (Pr 24,11) Voilà pourtant que la loi française se dresse pour réagir : « Non, tu ne dissuaderas pas ; non tu ne délivreras pas, non tu ne sauveras pas ».
Il y a quelques jours, je suis allé voir un film, violent certes mais poignant et saisissant au titre « percutant » : « Tu ne tueras point ». Nous reconnaissons là le cinquième commandement. Ce film relate l’héroïsme de Desmond Doss, soldat engagé dans l’armée non pour tuer mais pour sauver. Au nom de sa foi, il refuse catégoriquement de porter une arme. Il se retrouve dans l’enfer de la bataille d’Okinawa en 1945 où, refusant la spirale de la mort, il parvient à sauver 75 de ses camarades blessés, tombés sur le champ de bataille. C’est en quelque sorte l’éloge d’un homme immergé dans l’enfer de la violence et qui se répète : « Tu ne tueras point … Tu sauveras ».
Ne faut-il pas laisser résonner en nous ce beau message ? Notre législation irait-elle jusqu’à affirmer : « Il est interdit de dire « Tu ne tueras point » ; il est interdit de se précipiter pour tenter de sauver les petits qui sont les plus démunis et les plus innocents » ?
Jeudi prochain, 8 décembre, sera notre fête patronale paroissiale. Nous fêterons l’Immaculée Conception. Nous réentendrons avec ferveur ces mots prononcés par l’Ange Gabriel : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils. » Quelle bonne nouvelle pour l’humanité entière ! Quel hymne à la vie ! Notre monde en a tant besoin.
Père Gilles Morin, curé