Certains passages de la Parole de Dieu ont une tonalité redoutable. Ceux de ce 33ème dimanche ont de quoi nous faire trembler: « Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise, affirme Malachie. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera … ». Jésus, quant à lui, parlant de l’impressionnant temple de Jérusalem prévient ses disciples : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ».
Notre monde ne manque ni d’arrogants ni d’impies. Il est trop souvent porté à s’extasier et à s’enorgueillir devant ses prouesses techniques et ses nouvelles technologies. Un jour viendra, cependant, … « le Jour du Seigneur » … et que restera-t-il de tout cela ? On dit et on répète avec raison qu’il ne faut pas « se laisser effrayer par les prophètes de malheur qui profitent des chaos de l’histoire pour annoncer régulièrement la fin des temps ». Faut-il pour autant taire ce « jour du Seigneur » par peur de heurter, pour ne prodiguer que des paroles suaves et doucettes agréables à écouter ? N’y a-t-il pas un devoir d’avertissement ? : Il y aura bel et bien un jour … « Le jour du Seigneur » … Il faut nous y préparer non dans une crainte paralysante mais dans le sérieux d’une vie aimante, dans une foi fervente, dans une espérance réconfortante, par une immersion dans le cœur miséricordieux du Sauveur.
L’Année Jubilaire et Sainte de la Miséricorde s’achève. Dimanche dernier, j’invitais ceux qui ne l’avaient pas encore fait à franchir une porte sainte. Mercredi, un grand jeune du patronage est venu me trouver pour me demander des précisions concernant cette démarche. Après une belle confession, il est reparti tout joyeux, le cœur bien en paix, décidé à se rendre à l’une des basiliques pour accueillir le don de l’indulgence plénière. Trois heures plus tard, son petit frère, déjà plus grand que moi, est arrivé à son tour. Dans le hall du patronage, au milieu d’autres jeunes, avec sa simplicité habituelle, il répétait : « J’ai l’âme toute noire ; il me faut une belle confession ». Lui aussi m’a interrogé sur le passage de la porte sainte. Puis, belle confession … et même résolution. Dans mon cœur, quelle action de grâce pour ces jeunes pénitents, pèlerins jubilaires « de la dernière heure » ! Pour l’un comme pour l’autre, ce fut le « jour du Seigneur », le jour de sa miséricorde ; jour brûlant comme une fournaise, certes, mais fournaise de l’amour miséricordieux du Sauveur qui, loin de détruire, restaure toutes choses dans le Christ.
Le Père Marie-Eugène, prêtre Carme, fondateur de l’Institut Notre-Dame de Vie, sera béatifié samedi prochain, 19 novembre, en Avignon. Décédé le 27 mars 1967, il se plaisait à faire écho à la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus et allait jusqu’à affirmer : « J’ai compris la miséricorde. Sainte Thérèse en a senti la douceur, moi j’en sens la puissance. » Moi aussi, je peux vous l’avouer : tout au long de cette année sainte, j’ai senti la puissance de la miséricorde. Et vous, qui que vous soyez, l’avez-vous senti ?
Père Gilles Morin, Curé