Mystère lumineux de la vie de Jésus, la Transfiguration va nous aider à mieux comprendre que notre carême avance et que nous devons suivre. Suivre Jésus sur cette voie royale de la Croix – via crucis – qui débouche sur la gloire. Ce dimanche va nous redonner des forces neuves pour nous relancer dans notre marche vers Jérusalem.
Dieu nous fait comprendre par la préfiguration du sacrifice d’Abraham ce que peut être le sacrifice d’un père. Cela nous choque sans doute et nous avons raison et c’est pourquoi Dieu ne permet pas ce sacrifice humain après avoir testé l’absolue fidélité de son serviteur.
Dieu le Père par contre nous livrera son Fils. «Livré aux mains des pécheurs», c’est-à-dire dans nos mains… «Dieu n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ?» (Romains 8, 32). Le Père ira jusqu’au bout du sacrifice de son Bien Aimé. C’est aussi un sacrifice pour lui. Jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous !
Il nous est demandé à nous aussi des sacrifices, mais d’un tout autre ordre. Sacrifices qui veulent répondre à celui du Seigneur et dont le but est de nous purifier, non de nous faire du mal. Celui qui offre à Dieu se libère de ce qui ralentissait sa marche et va d’un cœur joyeux sur les chemins du Seigneur, tandis que le pécheur trébuche sur ce même chemin. Pour pouvoir les réaliser, – même de petits sacrifices -, il nous faut regarder plus loin que la Croix : jusqu’à la Résurrection. Lorsque cela nous semble difficile, regardons la Croix et relativisons nos propres épreuves ou souffrances. Parfois nous serons nous-mêmes sur la croix : offrons- nous au Seigneur et avec lui pour être transfigurés. «Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons.»
Enfin abandonnons-nous à celui qui parfois nous éprouve pour mesurer notre amour. «Vous voulez bien me faire de grands sacrifices pourvu que vous les choisissiez. Vous aimez mieux me faire de grands sacrifices pourvu que ce ne soient pas ceux que je vous demande que d’en faire de petits que je vous demanderais. Vous ferez tout pour moi excepté ce peu d’abandonnement qui est tout pour moi. Soyez donc enfin, soyez comme un homme qui est dans un bateau sur la rivière et qui ne rame pas tout le temps et qui quelquefois se laisse aller au fil de l’eau. Ainsi vous et votre canot laissez-vous aller quelquefois au fil du temps et laissez-vous entrer bravement sous l’arche du pont de la nuit.»(1)
(1) Ch. Péguy, dans «Le mystère des saints innocents»
Père Jean-Louis Gallet, sv