Ne vous arrêtez pas au « beaucoup » ; allez jusqu’au « tout »

 

Redisons-le : Nous sommes dans l’année de l’appel voulue par notre archevêque, le Cardinal André Vingt-Trois. Quel thème magnifique pour une année pastorale ! S’il ne faut certes pas le réduire à la seule dimension des vocations sacerdotales et religieuses, reconnaissons que cet aspect est pourtant central et qu’il est même celui auquel nous pensons le plus spontanément dès qu’il est question de l’appel du Seigneur.

 

Déjà il y a plus d’un siècle, le Père Jean-Léon Le Prevost, fondateur de notre Congrégation des Religieux de Saint Vincent-de-Paul, gémissait du fait de l’immense pauvreté de son temps. La plus grande disette à ses yeux était pourtant le manque d’âme totalement données, se laissant saisir et emporter … ce qu’il appelait des chrétiens « de l’absolu, du vrai et du pur amour« . Que dire aujourd’hui ? Les cœurs généreux ne font pas défaut. La voix de Jésus-Sauveur résonne au plus intime de bien des jeunes. Mais une chose est de se dévouer généreusement en ami du Christ, une autre est de se donner sans réserve jusqu’à s’immoler avec Celui qui s’est offert sur la Croix pour le salut du monde. C’est toute la différence entre le « beaucoup » et le « tout ». « Viens, suis-moi » appelle Jésus … Oui, mais jusqu’où ? Pourquoi tergiverser ? Pourquoi ne pas oser ? Pourquoi avancer sans s’élancer ?

 

« N’est-ce pas un grand attrait pour une âme généreuse et tendre, écrivait le Père Le Prevost, que de se donner sans mesure ? Et à qui se livrer ainsi, sinon à Celui qui est tout amour, toute bonté, toute perfection ? ». Alors, un peu d’audace … ou plus exactement, un peu de folie pour se laisser saisir et emporter par Celui qui est Tout Amour.

 

Chaque année, le Pape adresse un message à l’occasion de la journée mondiale de prière pour les vocations. C’est dire l’importance de cette cause. Nos derniers papes n’ont cessé de lancer des appels pressants pour inviter les jeunes à se laisser saisir par le Christ, à prêter l’oreille aux appels du Seigneur et à ouvrir leur cœur pour y répondre dans la joie. Notre Saint Père François, à son tour, se fait pressant : « Je m’adresse à présent à ceux qui sont bien disposés à se mettre à l’écoute de la voix du Christ qui retentit dans l’Église, pour comprendre quelle est leur vocation propre ». Alors, chers jeunes, vous qui êtes vraiment chrétiens, vous qui aimez Jésus et le priez, je vous le dis en toute simplicité et affection : « Ecoutez la voix du Christ et osez ; ne vous arrêtez pas au « beaucoup », allez jusqu’au « tout » ».

 

La cause des vocations est l’affaire de tous. C’est vraiment une priorité. Cette nuit, nous avons adoré le Seigneur qui ne cesse d’appeler. Continuons à supplier le Seigneur d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

L’une de nos paroissiennes ayant participé au pèlerinage en Terre Sainte que nous avons effectué à la Toussaint me faisait part de son étonnement. Ce jour-là, elle attendait patiemment de pouvoir accéder au tombeau de Jésus à Jérusalem. Elle était porteuse de mille intentions de prière qu’elle portait en son cœur. Enfin elle pu pénétrer et s’agenouiller. En cet instant de grâce, unique et tant attendu, il ne lui vint pourtant à l’esprit que cette supplication : « Seigneur, donnez-nous une vocation ». Toutes ces intentions personnelles étaient oubliées, il n’y avait vraiment que celle-là : une vocation. Elle s’en étonna et finalement s’en émerveilla. L’Esprit lui avait soufflé l’une des plus belles grâces que l’on puisse mendier auprès du Christ ressuscité.

 

Père Gilles Morin,

Curé