J’attends l’Enfant. Quelle joie !

Les appels téléphoniques ne manquent pas. Celui que j’ai reçu jeudi avait une dimension inhabituelle ; il provenait de Norvège. « Allo, bonjour Père ; c’est Cécile et Pierre ». Quel plaisir pour moi de les entendre ! J’avais préparé et célébré leur mariage il y a maintenant deux ans. Nous restions en contact épistolaire, mais entendre le son de leur voix, quelle joie ! Après quelques échanges de nouvelles, ils en viennent au but premier de leur appel. « Mon Père, dit Cécile, nous vous annonçons une grande joie : nous attendons un enfant ». Cette jeune femme est donc enceinte et ne peut contenir son bonheur. Elle va jusqu’à porter cette bonne nouvelle au-delà des frontières.

 

Il y a bien longtemps, le 12 décembre 1531, une belle Dame a traversé, elle aussi, les frontières, celles du ciel et de la terre. Elle est apparue sur la colline de Tepeyac, un peu au nord de Mexico, à un homme de 57 ans prénommé Juan Diego. Que lui dit-elle ? : «Je suis la parfaite et toujours Vierge Marie, Mère du vrai Dieu » Que lui demande-t-elle ? : « Je désire qu’en cet endroit on me construise mon petit teocalli », c’est-à-dire un petit sanctuaire. Quel signe lui donne-t-elle, en plein hiver ? : Des roses variées qui vont laisser imprimée sur sa tilma (son manteau) l’image connue désormais sous le nom de Notre-Dame de Guadalupe. Beaucoup ignorent cependant que sur cette colline de Tepeyac, la Vierge est apparue enceinte d’environ trois mois. Elle porte déjà en elle le Sauveur du monde, elle porte à tous les hommes, La Bonne Nouvelle !

 

En ce 12 décembre 2010, l’Eglise, telle une mère, est dans l’attente. Elle nous rejoint, où que nous soyons, pour nous partager cette joie qu’elle ne peut contenir : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent … Voici votre Dieu … Il vient lui-même et va vous sauver ». Nous ne sommes pas sur une colline ; nous n’avons pas d’apparitions ; mais doucement, au fond de notre âme, la Vierge Marie nous pose une demande : « Construis un petit sanctuaire ». Lequel ? Celui de ton cœur. Quel que soit l’hiver de ta vie, cueille les bonnes actions et les belles choses de ton quotidien. Il y en a toujours. Ramasse-les, saisis-les, et serre-les contre ton cœur. Tu verras : tu imprimeras ainsi au plus profond de toi-même mon image, mon visage, … et tu seras un beau petit sanctuaire pour accueillir le Seigneur.

 

Nous sommes à quelques jours de Noël. Nous attendons l’Enfant. Nous le portons déjà en nous de par la grâce de notre baptême. Avec toute l’Eglise, Soyons donc dans la joie, soyons toujours dans la joie. Le Seigneur est proche. Que cette joie nous emporte ! Qu’elle nous fasse traverser les frontières et surmonter les barrières. À tous, d’une manière ou d’une autre, disons : « Allo ! Bonjour ! C’est moi. J’ai une grande joie à t’annoncer. J’attends un enfant, et quel Enfant ! C’est inouï ! Le Seigneur vient ; il vient nous sauver : il va naître ; il va prendre chair ; j’attends l’Enfant-Dieu ».

 

Père Gilles Morin

curé