« Heureux, … heureux … heureux … » Ce leitmotiv des Béatitudes de l’évangile de la Toussaint nous rappellent le projet de Dieu pour tout homme. Or, Zachée n’est pas heureux. Certes, il a une belle maison et de grands biens mais il reste dans l’insatisfaction. Il est chef des collecteurs d’impôts, connu et redouté de tous, mais il semble qu’il ait fait tant de tort à ses frères. Comment dès lors pourrait-il avoir le cœur en paix ? Les « aujourd’hui » se succèdent laissant un grand vide au plus intime de lui-même.
Jésus traverse la ville de Jéricho. Il est annoncé et attendu. Une grande foule se presse autour de lui. Zachée est prêt à tout pour Le voir. Le voilà donc perché sur un sycomore. Il a entendu parler de ce rabbi de Nazareth ; il espère déjà en Lui ; il désire tellement un autre « aujourd’hui ». Et voici l’inouï qui dépasse toute attente : Jésus s’arrête, lève les yeux et interpelle cet homme comme s’il n’avait que lui à regarder et à sauver. « Zachée, tu veux un autre aujourd’hui, lui dit-il ? et bien, justement, « « aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi … » accueille-moi et ta vie s’en trouvera bouleversée, tu seras comblé ».
On imagine aisément l’étonnement de ce chef des collecteurs d’impôts. « Demeurer chez moi ? Le Seigneur dans la maison du pécheur ? Tu n’as donc pas peur de ma misère, tu n’éprouves aucune répulsion devant mon indignité. Tu veux que mon “chez moi“ soit ton “chez toi“ » ? Nous revient comme spontanément à l’esprit la phrase si émouvante de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi ». Zachée est près de Jésus ; et le Fils de Dieu est chez Zachée. Le salut est entré dans cette maison ; le publicain a enfin trouvé le bonheur. « Aujourd’hui » pour lui, c’est la sainteté.
En ce dernier jour du mois d’octobre que nous avons ouvert avec la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, j’entends cette sainte, Docteur de l’Eglise, déclamer : « Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère. Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit. Tu le sais, Ô mon Dieu, pour T’aimer sur la terre je n’ai rien qu’aujourd’hui ».
Sans nul doute, Zachée le confirme. Pour aimer Dieu, pour être saint, pour être heureux … nous avons « aujourd’hui ». Ne le laissons donc pas passer.
Père Gilles Morin
Curé