Il m’était bien sympathique ce collègue de travail que j’ai côtoyé à la banque, cinq années durant, avant mon entrée au séminaire. Nettement plus âgé, plus expérimenté et plus compétent que moi, il brillait dans la gestion financière. C’était un homme affable et rayonnant. Tout simplement parce qu’il était amoureux, … amoureux de sa femme depuis de longues années … cette épouse dont il se méfiait pourtant comme de la peste dès qu’il s’agissait de question d’argent. C’est qu’elle était tellement dépensière et irréfléchie en ce domaine. Ce n’était aucunement tromperie ou provocation à l’égard de son mari. Non ; c’était plus fort qu’elle ; c’était irrépressible. On aurait presque pu en rire. Ce domaine était donc loin d’être emprunt de confiance.
Il m’est fort sympathique ce Cardinal anglais, converti de l’anglicanisme au catholicisme, que notre Saint-Père, le Pape Benoît XVI, béatifie en ce dimanche au Royaume-Uni. Plus avancé, plus docte et surtout plus saint que moi, c’était lui aussi un homme affable et rayonnant … rayonnant d’une lumière intérieure … rayonnant parce qu’amoureux … amoureux de son épouse qui avait pour nom « L’Eglise catholique ». A son égard, nulle méfiance ni réserve … en quelque domaine que ce soit. « Ma confiance dans l’Eglise catholique, affirmait-il, n’a jamais vacillé un seul instant depuis que j’ai été reçu en son sein ».
L’expérience nous montre les limites de la confiance que nous pouvons accorder aux êtres qui nous entourent, … quand bien même ils nous aiment sincèrement … quand bien même nous les aimons intensément. Douloureusement et parfois dramatiquement, notre route croise également des « gérants malhonnêtes » qui financièrement, physiquement ou affectivement nous abusent et nous spolient. Mais l’Eglise ? … Je vous le demande : l’Eglise nous a-t-elle un jour trahi, escroqué, abandonné ? Ô je ne parle ni des institutions ni des hommes d’Eglise. L’actualité s’est chargée de nous rappeler qu’eux aussi peuvent nous abuser et nous scandaliser. Non, je parle de l’Eglise, « une, sainte, catholique et apostolique », … de cette Eglise qui par son enseignement magistériel et sa vie sacramentelle nous nourrit et nous sanctifie, … de cette Eglise, Corps mystique du Christ, qui ne fait qu’un avec Lui. Je vous le redemande : Cette Eglise a-t-elle falsifié le dépôt de la foi ou édulcoré son message ? Nous a-t-elle trompés sur les exigences ? Nous a-t-elle caché la croix ? Nous a-t-elle dissimulé les joies ?
Qu’il serait beau si chaque chrétien, rentrant en lui-même, pouvait s’unir au Cardinal Newman pour affirmer en toute vérité : « « Ma confiance dans l’Eglise catholique n’a jamais vacillé un seul instant depuis que j’ai été reçu en son sein ». Notre foi proclamée en l’Eglise, « une, sainte, catholique et apostolique » doit nous conduire à affirmer de tout notre cœur : « Eglise, ma Mère, toi qui m’as enfanté par la grâce du baptême, j’ai confiance en toi ».
Père Gilles Morin
Curé