Elle est vraiment magnifique cette hymne à la Charité de Saint Paul que nous offre l’Eglise en ce dimanche. C’est, sans conteste, l’une des plus belles pages de la Bible. Plus de 80% des jeunes fiancés la retiennent comme lecture à l’occasion de la célébration de leur mariage. N’est-il pas beau de se laisser bercer par ces mots qui retentissent en nos cœurs, qui nous disent que « l’amour supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout » ? Mais quel est le poids de ces mots par-delà le chatouillis du cœur ? Que comprenons-nous vraiment ? S’agit-il d’une simple émotion, ou même d’une simple passion si brûlante soit-elle ?
Je repense à cette chanson qui date de 1973 et dont les anciens parmi nous se souviennent sans doute. « Paroles, paroles, paroles … » chantait Dalida. » Je n’sais plus comment te dire, affirmait Alain Delon (dans une autre version, c’était Jo Dassin), mais tu es cette belle histoire d’amour que je ne cesserai jamais de lire. Et Dalida rétorquait inlassablement : « … Rien que des mots, toujours des mots ». Alain Delon avait beau multiplier les déclarations poétiques : « Ecoute-moi… Je t’en prie … Je te jure … Tu es comme le vent qui fait chanter les violons et emporte au loin le parfum des roses … Tu es pour moi la seule musique qui fait danser les étoiles sur les dunes. Si tu n’existais pas déjà, je t’inventerais », la chanteuse répétait sans se laisser impressionner : « Encore des mots, toujours des mots …».
Une centaine de paroissiens sont ce week-end à Ars. Tous, nous nous unissons à ces pèlerins pour aller à la rencontre de Saint Jean-Marie Vianney et vibrer au diapason de son cœur. Nous connaissons sa belle prière qu’il faut faire nôtre : « Je vous aime, ô mon Dieu, et mon seul désir est de vous aimer jusqu’au dernier soupir de ma vie. Je vous aime, ô Dieu infiniment aimable, et j’aime mieux mourir en vous aimant que de vivre un seul instant sans vous aimer … Ô mon Dieu, si ma langue ne peut dire à tout moment que je vous aime, du moins je veux que mon cœur vous le répète autant de fois que je respire ». C’est une merveilleuse déclaration d’amour qu’il nous faut prendre à notre compte et qui doit sonner juste au plus intime de nous-même. Il est aisé de la prononcer ; il n’est guère compliqué d’enchaîner les mots … rien que des mots, toujours des mots … « Paroles, paroles, paroles … » pourrait peut-être nous répondre le Seigneur. Il est par contre tellement plus difficile de charger les mots de vérité, de leur donner du poids, de les rendre consonants avec notre vie. Sommes-nous réellement prêts à vibrer à l’Amour au point de tout endurer, de tout espérer, de tout supporter ? Préférons-nous vraiment mourir en aimant Dieu plutôt que de vivre un seul instant sans l’aimer ? Il faut le vérifier, non par l’évaluation du chatouillis de notre cœur mais par le regard lucide que nous portons sur nos actes et la conformité de notre vie à la volonté de Dieu. Que Celui qui est tout Amour nous fasse la grâce de l’aimer un peu plus fort, un peu plus juste, un peu plus vrai … de l’aimer, somme toute, en unissant nos cœurs à celui du Saint Curé d’Ars.
Père Gilles Morin
Curé