Qu’il est beau ce mystère de la Visitation ! Qu’il est touchant ce face à face entre Elisabeth et Marie, celle qu’on appelle « la femme stérile » et la jeune fille qui est Vierge, celle qui porte le précurseur et celle qui s’apprête à nous donner le Sauveur ! L’une et l’autre sont dans la joie. La vie est déjà là, elles le savent. Elles exultent. On peut même dire que « tout exulte et chante », jusqu’à Jean qui tressaille au dedans de sa maman.
Rappelons-nous le message de l’Ange Gabriel à Marie : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils ». Il y a exultation dès la conception. Il y a grand bouleversement et attente impatiente de l’Avènement.
Avec Elisabeth, nous pouvons nous écrier nous aussi : « Comment ai-je la joie que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Elle vient vraiment, au point de nous poursuivre, où que nous soyons et qui que nous soyons. Elle veut nous faire vibrer à son émerveillement et à son exultation. Elle sait qu’il y va de notre salut. Marie ne vient pas sans Jésus ; le Sauveur vient à nous en sa maman. On ne peut séparer la mère de son Fils.
J’ai eu l’autre soir une belle confidence du curé d’Ars (l’actuel, bien sûr) à la sortie de la conférence qu’il nous a donnée. Il me disait qu’au moment de la procession de communion, il aimait non seulement à faire une croix sur le front des enfants, mais aussi à poser sa main sur le ventre des mamans enceintes pour bénir déjà leur tout-petit. Je ne sais s’il lui arrive de percevoir des bondissements de joie.
Ce moment de la communion est en effet fabuleux pour ce tout-petit encore dans le sein de sa mère. Voici que le Sauveur vient ne faire qu’un seul corps avec celui de sa maman. Il est là, si proche de lui. S’il le pouvait, ce tout-petit s’écrirait : « Comment ai-je la joie que mon Sauveur vienne jusqu’à moi ? »
Marie vient jusqu’à nous. Elle porte en elle le Sauveur. Dans la nuit de Noël, elle l’enfantera, elle nous le montrera, elle nous le donnera. Nous sommes dans l’attente impatiente de cet Avènement qui sera pour nous comme une explosion de joie.
Père Gilles Morin
Curé